Pour quelles raisons un tiers des cadres souhaite se reconvertir ?

Loin de l’image d’Epinal, les cadres ayant des projets de reconversion n’ont pas l’intention de se lancer dans l’inconnu ou de changer de vie radicalement. C’est même tout l’inverse !

Tentés par la reconversion, les cadres restent prudents

C’est l’un des points saillants de l’étude de l’Apec : si de nombreux cadres souhaitent changer de métier, ils ne souhaitent pas pour autant opter pour un changement draconien. Exit donc, l’élevage de chèvres dans le Larzac. Un peu plus de 6 cadres sur 10 souhaitant se reconvertir expliquent ainsi vouloir s’orienter vers un métier proche de leur fonction actuelle. Seuls 15 % d’entre eux opteraient pour un métier radicalement différent.

Selon l’Apec, c’est parce qu’ils estiment majoritairement que la reconversion n’est pas une démarche aisée. Si la formation ou l’acquisition de compétences ne semblent pas faire peur aux cadres, ils estiment en revanche complexe d’identifier la viabilité d’un projet de reconversion (46%) et ils sont 54% à penser qu’il leur sera difficile de convaincre les différents interlocuteurs.

De fait, si 31 % des cadres indiquent avoir un projet de reconversion, seuls 8 % d’entre eux déclarent ainsi avoir véritablement entamé les démarches. Les intentions de reconversion sont en revanche logiquement plus élevées chez les cadres au chômage (60%) et ceux ayant moins de 35 ans (45%).

Qu’est-ce qui pousse les cadres à se reconvertir ?

Une chose est claire, les cadres du secteur privé interrogés ne se font pas d’illusion quant aux avantages qu’ils risquent de perdre en changeant de métier : 4 sur 10 se disent prêts à accepter une rémunération plus faible (42 %) ou des horaires de travail plus importants (41 %), la moitié accepterait de perdre son statut et 66% renonceraient à exercer des fonctions managériales !

Qu’est-ce qui peut donc pousser les cadres à tout sacrifier ? Bien sûr, l’Apec rappelle à quel point la crise a été un catalyseur, un « contexte inédit » qui a « favorisé des interrogations, des envies de changement et une recherche de sens et d’utilité, révélant parfois une remise en cause de la relation au travail et à l’entreprise. »

Mais c’est bel et bien « l’insatisfaction au travail » qui est la plupart du temps à l’origine du déclic. Perte de sens, lassitude, dégradations des conditions de travail, manque de reconnaissance… Si les raisons sont multiples, l’Apec souligne à quel point elles se combinent souvent avec d’autres facteurs plus personnels : « Le projet de reconversion peut aussi (…) être lié à une remise en cause ponctuelle ou durable de ses choix de vie (la recherche d’une meilleure qualité de vie, par exemple), à des épreuves (divorce, décès, maladie, etc.) ou à des changements, parfois positifs, dans sa situation personnelle (déménagement, naissance d’un enfant, etc.) ». Ce que semblent confirmer les projets de reconversion évoqués par les cadres : 82% envisagent de changer de secteur d’activité, 56% de se mettre à leur compte et 54% de changer de région.

Enfin, si les exemples de reconversions radicales sont plus que jamais sur le devant de la scène, l’association pour l’emploi des cadres pointe du doigt un phénomène de fond plus silencieux mais sans doute plus durable : « Ce désir de reconversion est par ailleurs alimenté par une incertitude générale sur l’évolution des métiers et leur transformation, en lien avec la transformation numérique en cours dans de nombreux secteurs d’activité et les nouveaux enjeux de la transition écologique. »

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