58% des cadres font des heures supplémentaires... non payées

Un volume horaire qui déborde

Il n’y a pas qu’au Japon qu’on fait du rab : selon une étude publiée la semaine dernière par Viavoice* pour l'Ugict-CGT (l’organisation syndicale des techniciens, cadres et ingénieurs), plus d'un cadre sur deux fait régulièrement des heures supplémentaires. Jusque-là, rien de très surprenant, quand on sait que la France se situe en moyenne à 40,1 heures par semaine (pour les jobs à temps complet). 

Seulement voilà : pour 58% des cadres qui restent au bureau après la sonnerie, ces heures ne sont ni payées ni récupérées. 48% disent travailler fréquemment pendant leurs jours de repos, et encore davantage dans la fonction publique (79%) ou chez les professeurs et les scientifiques (85%). En tout, c’est un tiers des cadres qui déclarent ne pas être capable de tenir au travail jusqu’à la retraite. 

L'étude se fait également l'écho d'une tendance générationnelle, que l'on constate dans beaucoup d'autres secteurs :  les jeunes semblent moins enclins à faire de vieux os au bureau. En effet, 47% des 30-39 ans disent travailler moins de 40 heures contre seulement 32% des 50-59 ans.

Des discriminations toujours présentes

Plus d’un cadre sur trois (38%) a déjà été témoin ou victime de “blagues” racistes... Et un cadre sur dix déclare en avoir déjà été victime. 21% disent avoir assisté ou subi des discriminations raciales dans l’évolution de leur carrière.

En termes de salaire, on le sait, c’est chez les cadres que les discriminations de genre sont les plus prégnantes : à poste égal, une femme cadre gagne 6,9% de moins qu’un homme, selon une récente étude de l’APEC.

Vers un vrai droit à la déconnexion ?

Le télétravail séduit mais soulève encore des inquiétudes. Si la part des cadres estimant qu'ils manquent d'encadrement a diminué (45% contre 56% en 2021), les points de vigilance restent nombreux. Principal motif d'inquiétude : le temps de travail. Plus de six cadres sur dix (61%) s'estiment insuffisamment protégés contre les journées à rallonge et déplorent l'absence d'un véritable droit à la déconnexion - une mesure que deux tiers des sondés appellent pourtant de leurs vœux.

Lanceur d’alerte, une démarche risquée

Y a-t-il un décalage entre les valeurs des cadres et le poste qu’ils occupent ? Affirmatif, pour 52% d’entre eux, qui affirment ne pas être en accord avec les choix de leur entreprise. Pour autant, “seul” un quart des cadres a déjà « eu connaissance d’informations portant sur des faits répréhensibles ou portant préjudice à l’intérêt général ». 

Des politiques d’entreprise qui peuvent donc pousser certains à donner l’alerte, non sans risques : pour les cadres ayant dénoncé des faits qu’ils jugeaient répréhensibles, près de la moitié ont subi des représailles (sanction, intimidation, menace sur leur carrière), un chiffre qui plafonne à 82% pour les lanceurs d’alerte de 18-29 ans ! 

Qui pour défendre les droits des cadres ? 

Seuls 34% des cadres font confiance aux syndicats pour défendre leurs droits. Une méfiance qui semble cependant perdre du terrain depuis quelques années (en 2012, ils étaient… 17%). Alors, jamais mieux servis que par soi-même ? Visiblement, de moins en moins : 39% des interrogés se sentiraient capables de défendre leurs intérêts (c'était 59% en 2012), et seuls 7% compteraient sur leur entreprise ou les pouvoirs publics.

*Sur un échantillon de 1000 cadres