Cadres : êtes-vous riche ou pauvre ?

"Les riches n’ont pas intérêt à dire qu’ils le sont : pour ne pas avoir à faire preuve de solidarité, mieux vaut se dire de la classe moyenne supérieure". Une stratégie d'évitement - facilitée par les nombreuses niches fiscales permettant d'abaisser son imposition - dénoncée par Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des inégalités dans les colonnes du journal Le Monde. Dans un article sur le rôle des riches dans la société, le Journal du soir pointe un autre problème : la définition de la richesse. S'il existe bien un seuil de pauvreté  (1 015 euros pour une personne seule, soit 60 % du niveau de vie médian de la population), le montant à partir duquel on appartient aux riches n'est pas précisément connu.

En 2007, François Hollande avait évoqué le seuil de 4.000 euros par mois pour définir les riches. Une affirmation qui avait fait réagir mais qui n'est pas totalement infondée : seuls 8 % des salariés à temps complet se situent, aujourd'hui, en France, à un niveau de rémunération supérieur à 4.000 euros net mensuels. Est-ce suffisant pour définir les riches ? Au final, avoir un revenu de 4.000 euros en Ile-de-France, où se concentrent 42 % des 1 % des plus aisés, ou à Brest n'offre pas le même pouvoir d'achat. Certes mais c'est toujours plus du double du salaire médian en France qui s'élève à 1.789 euros net par mois.

On est toujours le riche, et le pauvre, d'un autre

Alors où se situent les cadres ? Tout dépend de l'étude et du revenu dont on parle. Selon le cabinet Expectra, avec un un salaire médian brut qui s'élève à 45.793 euros, soit environ un salaire net de 2.977 euros, les cadres appartiendraient davantage aux classes moyennes supérieures qu'aux riches. Mais si l'on prend le salaire net moyen retenu par l'Insee, les cadres perçoivent un salaire de 4.060 euros net. Ce qui, de facto, les place parmi les mieux payés en France. Autre chiffre qui semble placer les cadres parmi les riches, et prouver les inégalités croissantes, il faudrait actuellement 166 ans aux ouvriers pour rattraper le salaire des cadres. "Jusqu’au milieu des années 1970, un ouvrier pouvait compter - compte tenu de la progression du pouvoir d’achat - atteindre le niveau de vie des cadres supérieurs du moment en moins d’une quarantaine d’années. Une durée certes longue, mais qui était de l’ordre d’une carrière", expliquait en 2017 l'Observatoire des inégalités.

Mais preuve qu'il est difficile de statuer sur le niveau de richesse, selon les statistiques de l'Insee, pour un couple avec deux enfants, il faut disposer de près de 180.000 euros de revenus annuels pour faire partie des 1 % de foyers les plus aisés. Et pour faire partie des 0,01 % des foyers les plus riches, un ménage équivalent doit accumuler 475.000 euros. Des revenus confortables certes mais loin des 155 millions d'euros du pâtissier Pierre Hermé, classé dernier des 500 fortunes de France selon Challenges, et 600 fois moins riche que le premier d'entre eux, Bernard Arnault, dont la fortune a été estimée par le magazine à 90 milliards d'euros...

(Getty images /Nattakorn Maneerat)