Quels cadres ont eu les meilleures augmentations en 2024 ?

Dans son enquête annuelle publiée ce jeudi 21 novembre, qui s’appuie sur les témoignages de 14 000 cadres du secteur privé, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) nous en dit plus sur le niveau de rémunération des cadres, leur progression salariale en 2024 et les fonctions qui paient le mieux.

En 2024, une majorité de cadres a vu son salaire augmenter

Malgré le contexte incertain de l’année 2024, lié notamment à l’inflation ou aux tensions géopolitiques, cette dernière aura finalement été un bon cru pour les fonctions cadres : 60% ont bénéficié d'une augmentation cette année. Un point de plus qu’en 2023 et 14 points de plus qu’en 2021.

Le salaire médian d’un cadre en France (fixe + variable) est de 54 000 euros brut par an.

Une large majorité d’entre eux, 80%, a un salaire compris entre 38 000 euros et 91 000 euros. Néanmoins, ces chiffres cachent une forte disparité, la rémunération des cadres dépendant de nombreux facteurs comme la fonction et le poste occupés, le secteur d’activité, le parcours professionnel ou encore la taille et la région d’implantation de l’entreprise. Près d’un cadre sur deux bénéficie par ailleurs d’une partie variable sur son salaire, 39% d’une prime d’intéressement et 34% d’une prime de participation.

Les grands gagnants sont…

Parmi les cadres ayant bénéficié le plus fréquemment d’une augmentation, on retrouve les plus mobiles. Ceux ayant changé de poste en interne sont ainsi 77% à avoir obtenu une revalorisation, 66% pour ceux qui ont changé d’entreprise sans passer par la case chômage. A l’inverse, les cadres n’ayant connu aucun changement sont seulement 57% à avoir obtenu une augmentation et parmi ceux ayant changé d’entreprise après avoir connu le chômage, la proportion à avoir été revalorisé tombe à 43%.

Précisément, les plus grands gagnants sont les cadres de moins de 40 ans qui ont changé d’entreprise en cours d’année. En moyenne, ils ont vu leur rémunération augmenter de 14%.

En médiane, l’augmentation individuelle des cadres s’élève à 6,5% en 2024. Contre 3% seulement pour les augmentations collectives.

Et les grands perdants sont…

Les cadres de plus de 50 ans et les femmes.

• Parmi les seniors, ils ne sont que 48% à avoir obtenu une augmentation en 2024 contre 74% des moins de 30 ans et 67% des 30/39 ans ! Une donnée qui vient battre en brèche l’idée reçue selon laquelle les séniors coûtent plus cher aux entreprises…
• Quant aux femmes cadres, si elles ont été autant augmentées que les hommes cette année (59% vs 60%), elles gagnent toujours 12% de moins que leurs homologues masculins. Dans le détail, à profil et poste identiques, une femme cadre gagne 6,9% de moins qu’un homme. Un léger mieux par rapport à 2019, puisque cet écart était alors de 7,1%... mais à un tel rythme, comme le précise le directeur de l'Apec Gilles Gateau, l’égalité ne serait atteinte que dans 172 ans !

Quels cadres ont été les plus augmentés en 2024 ?

On l'a vu, tous les cadres ne sont pas logés à la même enseigne. L'Apec constate aussi un différentiel d'augmentation selon les fonctions exercées.

Parmi celles qui ont connu la plus forte revalorisation, on retrouve les fonctions d'ingénierie, études, recherche et développement, avec 70% des professionnels revalorisés, les cadres de la production industrielle et maintenance, 68%, les fonctions qualité et sécurité, 66%, ou encore celles des achats, 63%.

Pour autant, les cadres qui ont été les plus augmentés en 2024 ne sont pas forcément les mieux payés en moyenne, comme on peut le constater dans le graphique ci-dessous :

Les cadres sont-ils satisfaits en France ?

Comme chaque année, le baromètre de l'Apec sonde aussi l'état d'esprit des cadres français. Cette année, un sentiment ambivalent semble prédominer :

• 63% de cadres se déclarent satisfaits de leur rémunération
• 68% se disent satisfaits de leur situation professionnelle
• 67% restent confiants quant à leur avenir pro

MAIS

• 61% estiment que leur pouvoir d'achat s'est dégradé depuis le Covid
• 64% sont préoccupés par l'inflation et leur pouvoir d'achat
• 56% des cadres jugent leurs perspectives d'évolution salariale peu avantageuse

Une satisfaction globale teintée d'inquiétude quant à l'avenir, probablement liée aux persectives économiques pour 2025, au contexte international ou encore au climat politique actuel... Néanmoins, comme le précise Gilles Gateau, que le marché du travail ralentisse ou non, le recrutement des cadres reste à part : « La dernière année où on a connu une évolution négative sur l'emploi cadre, (remonte à) 1991. »