Comment tirer le meilleur de votre bullshit job ?

Certaines personnes ont la chance d’avoir une carrière ou un poste dans lesquels elles se sentent épanouies. Pour d’autres, ce n’est vraiment pas le cas. A des degrés plus ou moins élevés, tous les jobs peuvent avoir des moments frustrants ou ennuyants mais, pour vous, ce sentiment est permanent. Vous avez, de plus, très peu d’interactions avec vos collègues et/ou votre manager. Alors, est-il bullshit ce job ?

Le concept de bullshit job (littéralement « job à la con ») a été défini par l’anthropologue et anarchiste américain David Graeber au début des années 2010 comme « un travail rémunéré qui est tellement dénué de sens, superflu ou nuisible que même les personnes qui le font ne peuvent pas expliquer son existence. » En résumé, vous comprenez à peine vous-même comment vous pouvez justifier votre salaire, mais vous travaillez quand même dur pour ne pas être viré. Les bullshit jobs peuvent rendre une personne profondément malheureuse, parce qu’elle a pleinement conscience de perdre son temps et son énergie dans ce travail. Avant de démissionner, envisagez peut-être de trouver un sens à ce travail et de vous le réapproprier. Nos conseils.

Trouvez du sens à votre travail

Depuis quelques années et en particulier depuis la pandémie, nombre d’articles et études évoquent la quête de sens au travail comme essentielle dans notre société. Loin d’être une revendication propre aux jeunes générations, ce sentiment toucherait de nombreux travailleurs à travers le monde et notamment les cadres. En France, selon une étude menée par l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) fin 2022, 95% des cadres jugent important d’exercer un métier qui a du sens.

C’est quoi, un travail qui a du sens ? Selon l’Apec toujours, il doit englober trois grandes dimensions.

• Une dimension émotionnelle: ressentir davantage d’aspects positifs que négatifs dans son travail ;
• Une dimension cognitive: être satisfait du contenu des missions, du développement des compétences et de l’impact de ses actions ;
• Une dimension aspirationnelle: avoir le sentiment de contribuer et d’adhérer au projet global de l’entreprise.

Retirez une ou plusieurs de ces dimensions à votre travail et forcément, il doit vous sembler être un job « à la con ». De nombreuses entreprises proposent aujourd’hui la possibilité à leurs collaborateurs de monter en compétences via des formations ou une mobilité interne. Cela peut être, par exemple, un moyen pour vous de trouver un nouveau sens à votre travail.

Pareillement, avant de vous rendre compte que votre travail ne vous convenait pas, vous avez accepté d’intégrer votre entreprise pour une bonne raison et son projet global en est peut-être une ! Vous engager pour le projet RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de votre employeur peut être, par exemple, un moyen détourné de vous satisfaire de la situation.

Développez de nouvelles compétences

Même si vous ne quittez pas ce travail tout de suite, il y a des chances que si rien ne change, vous finissiez par claquer la porte de l’entreprise. D’ici là, prenez le temps de réfléchir à toutes ces tâches inutiles que vous réalisez tous les jours. Ces dernières sont certainement beaucoup plus légitimes que vous ne le pensez et ont forgé une partie de vos compétences. Dans une future – plus ou moins proche – recherche d’emploi, il sera essentiel pour vous de savoir en parler et de les mettre en avant.

Vous avez l’impression d’être à la traîne car vous n’êtes jamais mis au défi dans votre poste ? Il serait peut-être temps de perfectionner ou recycler certaines de vos compétences. Avant d’être complètement rouillé et si vous ne vous voulez pas « pourrir » dans un emploi qui vous laisserait avec un CV plus que fragile, tirez profit des programmes de formations proposés par votre entreprise, par exemple. Vous pouvez également demander conseil à un collègue qui ferait office de mentor. Dans l’éventualité où vous iriez voir ailleurs, il sera toujours plus facile de vendre votre profil avec des savoir-faire musclés plutôt que de balbutier en entretien sur les tâches vides de sens que vous effectuez quotidiennement.

Optimisez votre temps de travail

Ce n’est pas parce que votre boulot est « à la con » qu’il ne prend pas de temps. Les bullshit jobs s’accompagnent souvent d’une anxiété constante, car vous devez vous démener pour maintenir l’illusion de votre utilité dans l’entreprise. Ce sont également des postes très chargés car vous effectuez beaucoup de tâches… inutiles.

Toutefois, si jamais vous avez eu la chance de tomber sur un emploi qui ne vous demande pas trop d’efforts et, en particulier, si vous télétravaillez beaucoup ou êtes en full remote, vous devez avoir l’impression de perdre votre temps. Si vous arrivez, en bonne conscience, à effectuer le travail pour lequel vous êtes payé, autant utiliser le temps restant dans votre journée/semaine, pour faire quelque chose, de votre point de vue, gratifiant. Au lieu de zoner sur les réseaux sociaux, pourquoi ne pas vous lancer dans l’écriture de ce premier roman que vous repoussez depuis des années ?

Négociez du télétravail

Cela ne parlera pas à tous les métiers, on le sait. Cependant, si vous êtes concerné par un emploi qui peut se faire à distance, et même si la tendance est plutôt au retour au bureau du côté des entreprises, vous pouvez toujours demander des jours supplémentaires de télétravail. S’écarter d’une relative « surveillance », surtout quand on travaille en open space, aiderait grandement à réduire l’anxiété liée à votre bullshit job. Car oui, prétendre qu’on est tout le temps occupé, c’est épuisant !

Prenez les choses en main

La plupart des bullshit jobs le sont à cause d’un mauvais management. À la suite d’un départ, il peut tout simplement manquer une strate de hiérarchie ou votre manager croule sous le travail et n’a pas le temps de vous superviser. Autre option, certains managers ne sont tout simplement pas à l’aise avec la confrontation. Le vôtre est peut-être bien au courant de votre situation… mais il ne sait pas comment la régler ! Un bullshit job peut devenir une opportunité de forger un poste à votre image et – même – d’en tirer un certain accomplissement.

Vous connaissez vos missions par cœur, peut-être mieux que votre management. Vous avez donc certainement une idée bien précise de celles qui pourraient être éliminées, rendues plus efficaces ou traitées différemment. Si vous le sentez, essayez de présenter vos idées de changement à votre supérieur et peut-être que, finalement, ce job deviendra plus que tolérable.