"Bonjour Fagnole, bonjour de la Bath, bonjour Dutrant !" Pourquoi en entreprise on ne s'appelle plus par nos noms de famille ?

C'est une scène culte du film OSS 117 Rio ne répond plus. Jean Dujardin, alias Hubert Bonisseur de La Bath, arrive dans les bureaux du contre-espionnage français et souhaite une bonne journée à tous ses collègues en les appelant par leur nom de famille. Génial. Mais c'est oublié qu'à l'époque où son personnage évolue, tout le monde s'appelait par son nom de famille et non, comme aujourd'hui, par le prénom.

Pourquoi le prénom - même s'il a toujours, comme son nom l'indique, précédé le nom - est-il devenu le principal élément de nos identités avant le patronyme ? Dans un article publié dans Libération, le sociologue Benjamin Coulmou estime que "l’anti-institutionnalisme des années 68 a mis en avant le prénom plutôt que le nom et les titres ; le management à l'américaine a imposé l'usage du prénom et du tutoiement dans les entreprises pour invisibiliser les hiérarchies". Un côté direct et efficace qui fait la part belle aux résultats plutôt qu'à l'étiquette. Outre-Atlantique, toutes les bonnes idées sont en effet les bienvenues qu'importe qu'elles viennent de la base ou du sommet. En France, les conventions font que l'on met une certaine distance avec les managers et le top exécutif. Chacun a sa place. Il n'est pas rare que dans certaines entreprises, les salariés vouvoient leur patron et lui donnent du "Monsieur". Avec ses collègues, il paraîtrait toutefois inconcevable de les appeler par leur nom de famille : "Bonjour, Davalo, vous allez bien ?" Et, partout, la tendance est à se débarrasser de "ces signes de respects devenus étouffants pour rendre les rapports à l'autorité plus conviviaux, ce qui peut, parfois, n'induire qu'une forme d'hypocrisie moins visible", indique Wikipédia sur la fiche prénom.

L'utilisation du seul nom peut révéler une part de notre inconscient. Des psychologues de l'université de Cornell, aux Etats-Unis, ont montré que l'on avait ainsi davantage tendance à appeler les hommes uniquement par leur nom de famille quand pour les femmes c'est prénom et nom. Selon les chercheurs, cette habitude conférerait un statut et des avantages supérieurs aux hommes. Einstein et Shakespeare mais Marie Curie ou Simone Veil, par exemple. Pour les psychologues, l'usage seul du patronyme pour parler d'une personne indique qu'on la perçoit comme plus célèbre et/ ou douée dans son domaine. Crénom de nom !

(Getty images /PeterHermesFurian)