Vous bâillez pendant vos réunions ? Pourquoi ce ne n’est pas forcément signe d’ennui

Qui n’a jamais éprouvé une irrésistible envie de bâiller en pleine réunion stratégique ? Ce réflexe banal et quotidien d’une durée de quelques secondes est souvent mal vu dans le monde du travail car assimilé à un signe d’ennui ou de fatigue. Pourtant, le bâillement serait en fait plus mystérieux et les scientifiques ont du mal à comprendre son mécanisme.

Pourquoi le mystère du bâillement demeure ?

Bâille-t-on uniquement parce qu’on s’ennuie ou qu’on est fatigué ? Les raisons du bâillement semblent encore mystérieuses pour la communauté scientifique et ne seraient pas toujours liées à l’endormissement. La raison de ces lacunes scientifiques résident dans la difficile identification de son origine dans notre cerveau. La structure cérébrale provoquant le bâillement n’a pour l’instant pas été identifiée même si plusieurs zones de notre cerveau s’activent lors de ce réflexe naturel.

En revanche, plusieurs théories avancées par des scientifiques sur les bienfaits du bâillement se sont revelées fausses. Ce réflexe ne permet pas une meilleure oxygénation du cerveau ni une meilleure régulation thermique. « Universel, reproductible et à ce jour presque totalement incompris. Voilà une description du bâillement en 2022 » écrivait la journaliste Sylvie Riou-Millot dans un article consacré au sujet publié à l’automne dernier dans la revue Science et Avenirs. Cette définition pourrait encore s’appliquer en 2023…

Et si le fait de bâiller nous aidait à nous reconcentrer ?

L’hypothèse privilégiée actuellement serait la stimulation de la vigilance induite par le bâillement d’après les travaux récents du biologiste américain, Andrew Gallup. Une hypothèse soulevée aussi par un spécialiste du sujet en France : le  médecin généraliste, Olivier Walunsinski qui a consacré une grande partie de ses recherches à la question du bâillement.

Selon lui, ce mécanisme physiologique nous permettrait de nous éveiller car il est associé au cycle veille/sommeil. Ainsi, bâiller lors d’une réunion pourrait être plutôt le signe qu’on se reconcentre sur un des sujets évoqués, pas forcément qu’on est proche de l’endormissement parce que le propos est soporifique. « Au niveau clinique, quand l’environnement ne stimule plus l’attention, nous bâillons pour nous reconnecter et sortir d’un état de méditation » précise son étude.

D’autres hypothèses scientifiques évoquent d’ailleurs les vertus apaisantes du bâillement en cas d’état de stress ou d’anxiété. Bâiller provoque en effet souvent un étirement des muscles propices au relâchement, utilisé par certains artistes avant de rentrer sur scène ou certains sportifs avant l’effort.

Pourquoi le bâillement de votre collègue vous incite à faire de même ?

Vous avez certainement déjà remarqué que le simple fait de voir l’un de vos voisins de bureau bâiller pouvait déclencher instantanément le même mécanisme chez vous. Un biologiste américain, Andrew Gallup a peut-être percé le mystère de ce mimétisme. Selon son article regroupant différents travaux sur le sujet, paru dans la revue Animal Behaviour, la contagion du bâillement servirait à nous protéger.

Ce serait un héritage ancien propre à tous « les vertébrés sociaux » qui nous permettrait de donner l’alerte en cas de détection d’un état de fatigue chez d’un de nos semblables. Ainsi, nous étions incités à redoubler de vigilance pour prévenir l’arrivée de prédateurs. Si on en croit cette hypothèse, votre bâillement pourrait donc permettre à toute l’équipe de se reconcentrer pour éviter d’être pris en flagrant délit de rêverie et de se retrouver incapable de répondre à une question sur le contenu de la présentation ! Ne reste plus qu’à convaincre votre N+1 de cette théorie.

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