"On n'est plus au stade d'il y a 50 ans" : Denis casse les clichés du métier d'agriculteur

Dans une vie précédente, Denis était conseiller à la chambre d’agriculture : « Un jour, mon oncle m’a dit : ‘écoute, je vais vendre ma ferme. Est-ce que tu veux la reprendre ?’ J’ai beaucoup réfléchi avec mon épouse et on s‘est dit pourquoi pas. » Aujourd’hui éleveur de vaches laitières, il nous dévoile les coulisses de son activité.

Quelle est la journée type d’un agriculteur ?

La journée de Denis commence à 6h du matin par la traite des vaches, qui se termine vers 8h30. Après une petite pause-café, il passe à l’alimentation et au soin des animaux jusqu’à midi environ. Et à 16h, de nouveau la traite ! « On a petit laps de temps en début d’après- midi pour vaquer à d’autres occupations comme l’entretien du matériel. »

Mais ce n’est qu’une partie du métier rappelle Denis : « Il y aussi toute la partie que j’appelle ‘culture’. Du printemps jusqu’au début de l’automne, les animaux vont pâturer dans les champs. Mais pour l’hiver, ils ont besoin de fourrage stocké. Et ce fourrage, on le cultive. C’est un métier à part entière en plus de celui d’éleveur. »

Les inconvénients du métier ?

Sans surprise, Denis évoque le manque de temps libre comme le principal inconvénient du métier d’agriculteur : « On a très peu de temps libre c’est vrai… En basse saison, on travaille 80 heures par semaine. En haute saison, quand on travaille dans les champs, je ne saurais même pas vous dire. Tout ce que je sais, c’est qu’on dort 4h par nuit. »

Mais Denis tient à préciser que c’est avant tout une passion, bien plus qu’un métier !

Les avantages du métier ?

Bien qu’il travaille beaucoup, Denis jouit d’une certaine liberté : « Par exemple si on a besoin d’emmener ses enfants à l’école le matin, c’est possible. J’ai emmené tous mes enfants à l’école quand ils étaient petits parce que je pouvais me libérer de mon travail. »

« L’un des autres grands avantages, il est bucolique celui-là : on est dans la nature en permanence – y compris quand il pleut – et je peux vous assurer que quand la nature se réveille au printemps, c’est extraordinaire. »

Quel est le salaire d’un agriculteur ?

« Moi je gagne 3 000 euros par mois » répond notre agriculteur d’emblée, qui constate que le sujet est encore un peu tabou dans ce secteur d’activité. Il avoue cependant qu’il ne gagnait que 1 200 euros par mois quand il s’est installé : « Certains agriculteurs qui s’installent actuellement ne gagnent que 700 euros par mois. D’autres, la banque leur explique qu’étant donné que leur femme travaille à l’extérieur, ils feraient mieux de vivre avec le salaire de leur épouse le temps de rembourser leurs installations. »

« Il faut faire très attention au niveau financier ! Personnellement je n’ai jamais fait passer mon salaire en dernier, même si je suis conscient qu’à 55 ans, 3 000 euros, ça peut être vu comme loser. »

Plouc, sale, sans formation… Ces clichés sur les agriculteurs qui ont encore la vie dure

« On n’est plus au stade d’il y a 50 ans, le métier s’est beaucoup digitalisé aujourd’hui. Chaque acte doit être répertorié et on ne peut pas avoir des cahiers donc on fait tout en automatique directement sur le smartphone. Je ne peux pas me rappeler de tous les animaux et ce suivi me permet de tout savoir sur une vache qui aurait, par exemple, un comportement bizarre. »

« L’image du plouc ? C’est vrai qu’on est souvent sale, c’est une évidence. Mais on est très technique sur nos métiers. Un jeune qui veut se lancer, qu’il ne croie pas que c’est un métier pour les bouseux ! Il faut faire des études. Plus on a un niveau élevé de formation, plus c’est intéressant et plus on est compétent et compétitif. »

« Ma femme n’aime pas trop qu’on m’appelle paysan, mais moi j’adore : ça veut dire l’homme de la terre du pays. Ce n’est pas pour autant que je suis un plouc et que je parle comme un charretier ! Je suis capable d’avoir une vie normale à l’extérieur de ma ferme et de mes vaches. »

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