« En arrivant chez Accenture, je me suis senti à l’aise car mes collègues étaient au courant de mon handicap »

Son chemin a été rude, semé d’ornières et de déceptions mais, grâce à sa détermination, Guillaume Constanty a décroché le poste de ses rêves. Cet ingénieur d’études chez Accenture, atteint d’une maladie rare dégénérative, revient sur son parcours, sur ses difficultés, sur ses victoires. Avec un message pour toutes les personnes en situation de handicap : « Gardez espoir, restez vous-même et battez-vous. »

Guillaume a débuté sa carrière en tant qu’administrateur réseaux informatique dans la fonction publique : « Le poste n’était pas du tout adapté à mon handicap, je forçais trop. » Au bout d’un an, son état de santé se dégrade. « J’ai dû mettre ma vie active de côté pour me battre et me consacrer à un programme de rééducation physique intensive, à raison de 15h par semaine. » Cinq ans après, il reprend le dessus : « Un petit miracle pour les médecins ».

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« J’avais le sentiment que personne ne voulait de moi »

Une autre épreuve se présente alors à lui : retrouver un emploi après une longue période d’inactivité. Il envoie des tonnes de CV, frappe à toutes les portes, y compris dans des secteurs hors informatique, mais celles-ci ne s’entrouvrent que rarement : « J’ai passé très peu d’entretiens. Souvent, j’avais le sentiment que ça se passait bien, mais je recevais ensuite un mail ou une lettre basique de refus sans aucune explication. J’avais le sentiment que personne ne voulait de moi. Un trou de plusieurs années dans le CV, cumulé avec un handicap, c’est un réel frein pour trouver un emploi. On a beau dire qu’on est motivé, montrer qu’on a envie, si on ne nous donne pas notre chance, c’est compliqué psychologiquement, pour la confiance en soi. »

Faut-il aborder son handicap pendant le processus de recrutement ? La réponse est toute personnelle. Un organisme de recherche d’emploi a conseillé à Guillaume de ne pas en parler pour lever les freins à l’embauche. « Je m’étais présenté en entretien et il y avait un escalier à monter, chose qui m’était impossible, ce que ne savait pas la personne qui me recevait. Pour moi, la confiance était déjà rompue alors que l’entretien n’avait même pas débuté. Je conseille aux candidats d’être francs, car ce sont eux qui connaissent le mieux leur handicap, le recruteur ne peut pas deviner ce qu’ils ressentent. Chacun est différent mais soyez naturel ! Si vous avez besoin de parler de votre handicap, parlez-en, sans en faire trop non plus. Si vous ne le sentez pas, ne vous forcez pas. La plupart des RH marchent sur des œufs quand ils abordent ces sujets. Si vous prenez les devants, le recruteur sera plus à l’aise, vous installerez une relation de confiance. »

Un jour, Guillaume croise la route d’un recruteur qui le reçoit durant 2h30 en entretien d’embauche. « J’ai senti que je pouvais lui parler comme à un ami. Il a été honnête avec moi, m’a dit qu’il avait peur des absences répétées, de la difficulté à cumuler les soins médicaux avec un travail à temps plein, de l’incertitude liée au fait que ma maladie est évolutive. J’ai compris. C’est vrai que ma vie quotidienne est plus exposée aux risques que celle d’une autre personne. Je comprends qu’on ait peur de me laisser seul dans un bureau et qu’il m’arrive quelque chose, une chute ou un malaise. »

« N’hésitez pas à faire part de vos besoins à votre manager ! »

Au bout de deux ans de recherche, il finit par être embauché comme téléconseiller dans un centre d’appel, « une entreprise où ils recrutent tout le monde ». Puis, après diverses expériences comme analyste informatique, il décide de postuler chez Accenture, une entreprise spécialisée dans le conseil et la technologie qui accompagne les entreprises et les institutions de plus de 120 pays dans leurs projets de transformation.

« Auparavant, je me disais, sans doute à tort, que je n’avais pas les compétences pour postuler chez Accenture, à cause des rejets à droite et à gauche. Mais, cette fois, je me suis dit que j’avais assez de billes pour postuler. » Il se renseigne sur l’entreprise, la présence d’une Mission Handicap le rassure sur le fait que l’entreprise maîtrise le sujet. Il intègre Accenture le 1^er décembre 2021, à un poste d’ingénieur d’études confirmé.

Dès son arrivée dans l’entreprise, on lui présente la Mission Handicap, qui prend rapidement contact avec lui pour identifier ses besoins afin de faciliter son quotidien professionnel. « A chaque fois que j’ai une nouvelle demande, elle est acceptée sans difficulté. » Accenture lui a notamment accordé un accès parking privilégié et a mis en place un siège adapté à ses maux de dos. Le fait que Guillaume bénéficie du statut RQTH a contribué à accélérer ces démarches.

« Je conseille vraiment aux travailleurs en situation de handicap de faire la demande RQTH, cela rend les aménagements bien plus faciles. N’hésitez pas à faire part de vos besoins à votre manager. Je suis bien placé pour le savoir : on se met des barrières, on a peur de gêner, honte d’être différent des autres. Ma première expérience professionnelle m’a servi de leçon : quand je rentrais du boulot, j’étais cassé en deux ! En réalité, on ne m’a jamais refusé un aménagement de poste, les gens sont en grande majorité humains et à l’écoute. Le rôle d’un manager est d’aider les personnes de son équipe à être performantes. Or, on ne peut pas être performant si on est mal dans sa peau. »

« Le but, c’est de rassurer les collègues, car l’inconnu fait toujours peur »

Se sentir bien au travail passe également par la manière dont on se sent intégré dans l’équipe. « Quand on a un handicap qui se voit, comme le mien, des regards, il y en a obligatoirement. Au début ils blessent, après on s’y habitue. »

Cette gêne, Guillaume la comprend : « En apprenant à connaître les collègues, on comprend que ce n’est pas évident pour eux non plus. Qu’ils peuvent appréhender d’accueillir un collègue en situation de handicap. Qu’ils se posent des questions : comment réagir s’il fait une chute ? Comment va-t-il le prendre si on fait une blague mal placée ? »

Sa parade : l’humour. « C’est moi qui prends les devants, qui parle de mon handicap, qui blague. Le but, c’est de rassurer les collègues, car l’inconnu fait toujours peur. Ce qui m’a énormément aidé aussi, c’est qu’à mon arrivée chez Accenture, tous les membres de mon équipe étaient au courant de ma situation. Ils n’ont pas été surpris, les premiers échanges ont été fluides, et j’ai tout de suite perçu qu’il y avait une bonne ambiance et un bon esprit dans l’entreprise ! »

« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ». Guillaume pourrait faire sienne cette citation de Mark Twain. Car il est la preuve qu’on peut triompher d’obstacles qu’on pensait insurmontables grâce à sa force de caractère : « Les médecins m’avaient dit de ne pas trop forcer, car mes muscles risquaient de fondre et que je ne pourrai plus marcher, mais j’ai continué mes séances de musculation. Je me suis battu et, à 42 ans, j’ai pris du muscle, je suis papa d’un petit garçon, j’ai un travail qui me plaît et je ne suis pas en fauteuil roulant ! »

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Crédit photo : Accenture