Travail : ce qu’il faut retenir du discours de politique générale de Gabriel Attal

« Nous devons aller plus loin dans la réforme de l’assurance-chômage ». Le nouveau Premier ministre, en poste depuis trois semaines à Matignon, a prononcé sa déclaration de politique générale le 30 janvier devant l’Assemblée nationale. Face aux députés, mardi après-midi, Gabriel Attal a parlé agriculture, santé, éducation, logement, écologie mais aussi travail. Tour d’horizon d’une feuille de route marquée, entre autres, par une lutte contre « les trappes à inactivités ».

Suppression de l’allocation de solidarité spécifique (ASS)

Dans l’hémicycle, le Premier ministre a réaffirmé l’objectif du gouvernement d’atteindre le plein-emploi d’ici à la fin du quinquennat. Dans son viseur, ce qu’il a appelé les « trappes à inactivités » et, en particulier, l’allocation de solidarité spécifique (ASS) qui sera supprimée. Destinée aux chômeurs en fin de droits, elle « permet, sans travailler, de valider des trimestres de retraite », a insisté Gabriel Attal pour qui « la retraite doit toujours rester le fruit du travail ». En août, selon la Drees (*), plus de 260 000 personnes ont perçu l’ASS, une forte baisse en un an (-11,7%).

Une bascule vers le RSA

Les ex-allocataires de l’ASS basculeront vers le RSA (revenu de solidarité active) et entreront dans le régime de la réforme France Travail. Ils seront ainsi soumis à 15h d’activité hebdomadaires obligatoires, mesure entrée en vigueur le 1^er janvier 2024 dans le cadre de la loi « pour le plein emploi » du gouvernement. Ce RSA sous condition, testé dans 18 départements depuis un an et qui concernait environ 15 000 personnes au mois de décembre, devrait être généralisé « dans tous les départements » d’ici à 2025.

Les bas salaires dans le viseur

Lors de son discours, le Premier ministre a martelé son objectif de « désmicardiser la France », de « faire en sorte que ceux qui vont travailler puissent vivre de leur travail » et par conséquent d’augmenter les bas salaires, en particulier ceux au Smic. Couplée à une plus grande sévérité envers les demandeurs d’emploi donc, le gouvernement affiche ainsi sa volonté de faire du travail une valeur centrale. Gabriel Attal a pointé un « paradoxe » en France, avec un salaire minimum « nettement supérieur à celui de nos voisins », mais « une part de nos travailleurs proches du Smic beaucoup plus importante ». Ce mardi, il a ainsi annoncé une réforme de ce système « dès le prochain projet de loi finances » qui s’appuiera sur « les propositions des parlementaires, des partenaires sociaux et sur un certain nombre de travaux d’experts qui sont actuellement conduits ».

Sur le volet santé, Gabriel Attal a également annoncé la revalorisation du salaire des infirmières scolaires de 200 euros net par mois en moyenne et une prime exceptionnelle de 800 euros pour ces dernières, à compter du mois de mai prochain.

Une semaine en 4 jours dans les ministères

A ne surtout pas confondre avec la semaine de 4 jours qui intéresse de plus en plus collectivités, entreprises et salariés en France. Le Premier ministre a annoncé avoir demandé à ses ministres « d’expérimenter la semaine en 4 jours ». Une expérimentation qui ne reviendrait pas à réduire le temps de travail mais bien de « compresser » les heures de travail des employés des ministères sur une semaine raccourcie. Un premier essai dans le public a déjà été lancé rappelle La Provence, sans grand succès. En effet, sur les 200 salariés éligibles de l’Urssaf Picardie, seuls trois avaient accepté de travailler quatre jours car leur temps de travail n’était pas réduit. Selon les données de l’administration, souligne La Provence, les agents publics exerçant à temps complet déclarent travailler 39 heures par semaine, une durée identique au privé.

* Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques

Crédit photo : Atlantis@stock.adobe.com