Tickets restaurant : bientôt impossible de faire ses courses avec en 2025 ?

Le titre « restaurant » est-il devenu un titre « caddie » ? Oui, à en croire les syndicats de la restauration. L’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) et le SNAAR (Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide) dénoncent un dévoiement de l’usage des tickets-resto et appelle le gouvernement à agir. Dans leur viseur, les règles d’utilisation des tickets restaurants dans les grandes et moyennes surfaces.

Une dérogation temporaire qui s’éternise

Comme de nombreux salariés, vous avez peut-être pris l’habitude de payer l’ensemble de vos courses (ou presque) avec vos titres restaurants. Ce n’est pourtant ni le but originel, ni l’utilisation normale de ce système de paiement instauré en 1967 et dont les règles ont récemment été assouplies. En effet, depuis 2022, une dérogation a élargi de l’usage des titres restaurants dans les grandes surfaces, autorisant l’achat de produits non consommables immédiatement. A l’époque, cette mesure temporaire avait été décrétée par le gouvernement pour lutter contre l’inflation.

Pâtes, viandes, riz, œufs… les tickets resto ne servent désormais plus seulement à acheter son sandwich ou sa salade du déjeuner à la supérette d’à côté, ils permettent aussi de faire ses courses. Seuls l’alcool et les produits non alimentaires, animaliers et infantiles en sont exclus. Appelée à prendre fin au 1er décembre 2023, la mesure a été reconduite pour une année supplémentaire.

De nouvelles règles qui ont visiblement rencontré leur public : 60% des tickets restaurants seraient désormais consommés dans les rayons des grandes et moyennes surfaces selon l’UMIH, qui parle d’un manque à gagner de près de 576 millions d’euros pour les restaurateurs. Dans l’un de ses derniers rapports, la Commission nationale des titres restaurants (CNTR) estime que les grandes et moyennes surfaces ont absorbé, sur une seule année, 1 milliard d’euros du chiffre d’affaires total généré par les tickets resto !

Pas vraiment du goût des restaurateurs. Le SNARR appelle « à recentrer l'utilisation des titres-restaurant sur les produits de la restauration et ce dès le 1er janvier 2025, afin d'assurer la pérennité de ce mode de paiement ». Par la voix de son président, Franck Chaumes, l’UMIH dénonce une OPA de la grande distribution sur le ticket resto et prévient : « Si nous ne sommes pas entendus, le titre restaurant doit être renommé titre-alimentation ! »

Ce qui pourrait changer au 1er janvier

Avec une inflation repassée sous la barre des 2%, les syndicats de restaurateurs pourraient bien obtenir gain de cause du nouveau gouvernement Barnier tandis que la fameuse dérogation est censée prendre fin au 31 décembre de cette année.

Qu’est-ce que cela changerait concrètement dans le caddie des salariés ? Seuls les aliments consommables directement seraient encore éligibles au paiement par tickets restaurant (qui ressemblent désormais plus souvent à une carte bancaire qu’à des tickets papiers…) : sandwichs, plats préparés, salades, conserves, légumes, viandes et poissons transformés, snackings, produits laitiers, charcuterie, jus de fruits, eaux plates et gazeuses, boulangerie (hors viennoiseries).

Tout ce qui ne peut pas être mangé sur le pouce et qui est non préparé sera de nouveau exclu de la liste comme les paquets de pâtes, de riz, les légumineuses, les viandes et poissons non transformés, les œufs, le beurre, la farine, le lait, certains produits surgelés. A cela s’ajoutent les boissons alcoolisés, les produits infantiles, animaliers, non alimentaires ou les confiseries.

Les restaurateurs seront-ils entendus ? Dans une étude dévoilée en avril par le Comité national des titres restaurants, 96% des salariés interrogés souhaitaient la pérennisation du système actuel... « Revenir en arrière sera difficile », prédisait d'ailleurs Patrick Bouderbala, président du CNTR, autrefois opposé à l'élargissement de la liste des produits éligibles : « Le chiffre est éloquent. »