Travailler en Suisse : comment faire en tant que Français ?

Qualité de vie, météo, services, salaire, activité professionnelle… De nombreuses raisons peuvent pousser des Français à vouloir s’exporter et trouver un emploi à l’étranger pour quelques mois, quelques années ou même pour la vie. Et parmi les destinations plébiscitées par de nombreux Français, on retrouve évidemment la Suisse !

La proximité géographique, la langue française, la qualité de vie et, bien sûr, les salaires suisses - bien plus élevés qu’en France – sont autant d’arguments pour les salariés français qui souhaitent décrocher un emploi dans la Confédération. D'autant que le taux de chômage en Suisse se situe aux alentours de 3% et que de nombreux métiers et secteurs recrutent !

Une aventure professionnelle à Genève, Zurich, Bâle, Berne ou Lausanne vous tente ? Découvrez les informations essentielles à connaître pour réussir votre recherche d’emploi en Suisse et vous installer de l’autre côté du Jura l’esprit serein.

Contrat, permis de travail… comment travailler en Suisse ?

Pour travailler en Suisse et y vivre pendant plus de trois mois, vous devez obtenir un permis de travail. En tant que ressortissant de l’UE, les conditions d’attribution sont facilitées et vous bénéficiez de la libre circulation pour entrer sur le territoire. Selon votre emploi et la durée de votre contrat, il existe plusieurs permis de travail.

Les permis de travail

Le permis L

C’est une autorisation de courte durée qui vous permet de vivre et travailler en Suisse pour une durée comprise entre quatre mois et un an. Un contrat de travail ou une promesse d’embauche d’un employeur suisse d’au moins quatre mois est nécessaire pour l’obtenir.

Le permis B

C’est une autorisation de séjour destinée aux travailleurs résidant dans le pays entre un et cinq ans. Vous pouvez obtenir le permis B grâce à une promesse d’embauche d’un employeur suisse ou un contrat de travail d’au moins douze mois.

Le permis C

Il s’agit d’une autorisation d’établissement. Vous ne pouvez l’obtenir qu’après avoir vécu au moins cinq ans en Suisse et si vous êtes en emploi. Le permis C vous permet de rester travailler en Suisse pour une durée indéterminée.

Le permis G

C’est le permis des frontaliers qui travaillent en Suisse mais résident à l’étranger, notamment en France. Si vous êtes un frontalier français, vous devez obligatoirement rentrer au moins une fois par semaine. Destiné uniquement aux ressortissants de l’UE, il est valable cinq ans et peut être renouvelé.

Les contrats de travail

Le contrat individuel de travail

C’est le contrat qui ressemble le plus à nos CDI et CDD français. Le contrat individuel de travail peut ainsi être à durée déterminée ou à durée indéterminée. En revanche, ce contrat suisse n’est soumis à aucune forme spéciale et il peut même être uniquement oral. Mais mieux vaut signer le contrat à l’écrit et bien vérifier les éléments essentiels qui définissent la relation de travail. Cela permet d’éviter tout litige, d’autant plus en tant qu’étranger.

CTT

Il s’agit d’un contrat de travail principalement utilisé dans les secteurs agricole et du service à la personne. Le contrat type de travail (CTT) est édicté par les autorités lorsqu’une branche est dépourvue de convention collective. La confédération ou le canton peuvent ainsi fixer certaines dispositions concernant le salaire minimum, le temps de travail, la durée des préavis, les modalités de résiliation, etc.

CCT

Les conventions collectives de travail (CCT) sont négociées par les associations de travailleurs et d’employeurs pour fixer certaines conditions minimales auxquelles sont ensuite soumis les contrats individuels. Il existe plusieurs types de CCT avec des conventions d’entreprise, par branche, des CCT par canton ou des CCT nationales qui s’appliquent à toute la Suisse. Ces conventions sont conclues pour plusieurs années puis sont renouvelées lorsqu’elles arrivent à expiration. Votre employeur suisse doit vous informer lorsque vous signez votre contrat individuel de travail si votre entreprise ou branche est couverte par une CCT.

Le marché du travail en Suisse

Comment se passe la recherche d’emploi en Suisse et comment trouver un emploi alors qu’on vit encore en France ?

Premier cas de figure, très répandu : vous êtes un habitant frontalier de la Suisse. En 2022, selon l’office fédéral de la statistique (OFS), 7,3% des actifs suisses étaient des travailleurs frontaliers. Et plus de la moitié de ces frontaliers sont des Français. Si c’est votre cas, il y a de grandes chances pour que vous ayez déjà une certaine connaissance du marché de l’emploi suisse, d’autant que vous pouvez facilement vous y rendre pour passer un entretien.

Deuxième possibilité, vous souhaitez décrocher un emploi en Suisse et vous y expatrier à temps plein. Dans ce cas, voici quelques éléments à prendre en compte pour parfaire votre candidature et donner envie à une entreprise de vous donner votre chance. N’hésitez pas à effectuer des recherches complémentaires en ligne, sur des sites spécialisés, pour récolter les informations qui vous manquent sur la culture du travail suisse.

Où trouver des offres d’emploi ?

Comment trouver des offres d’emploi en Suisse ? A peu près de la même façon qu’en France ! Vous pouvez consulter Hellowork mais il existe également d’autres jobboards très connus comme Jobs.CH.

Le recrutement

Le processus de recrutement helvète est-il comparable à la France ? Les principales étapes sont similaires, de l’envoi du CV à l’entretien d’embauche. Mais mieux vaut avoir quelques informations en tête avant de postuler.

Le CV

Vous vous demandez peut-être si vous pouvez envoyer votre CV français tel quel pour répondre à une offre d’emploi en Suisse. Le CV suisse ressemble beaucoup au nôtre mais il est réputé pour être beaucoup plus axé sur les compétences. Allez droit au but autant que possible !

Deuxième différence majeure, vous n’êtes pas obligé de tout faire tenir sur une seule page. Si vos expériences professionnelles le permettent, n’hésitez pas à faire un CV sur deux pages.

Enfin, n’oubliez pas que la Suisse est un pays qui possède plusieurs langues officielles : le français, l’allemand, l’italien et le romanche. Avez-vous l’assurance que le recruteur qui lira votre CV parle français ? Recherchez le plus d’informations possibles sur l’entreprise en question.

L’entretien

La ponctualité suisse n’est pas qu’une légende et elle sera de mise pour vos entretiens : arriver à l’heure signifie plutôt arriver 5 minutes en avance ! Pensez également à vous rendre à l’entretien en possession de ce que les Suisses appellent le « Bewerbungsdossier » : votre dossier de candidature qui comprend votre CV, votre lettre de motivation, vos éventuelles lettres de recommandation, une copie de vos diplômes et, si possible, une copie de votre permis de travail. A ce sujet, assurez-vous que votre situation administrative soit claire car les recruteurs suisses ne manqueront pas de vous interroger sur ce sujet en tant qu’étranger. Enfin, dernier détail et non des moindres, tous les Suisses ne sont pas francophones ! Un élément à prendre en compte avant de chercher à s’expatrier et passer un entretien.

Pour le reste, les conseils à garder en tête sont similaires à ceux qu’on pourrait vous donner en France : bien connaître l’entreprise, s’entraîner avant, savoir se présenter de façon percutante, être respectueux, curieux, sûr de soi, etc.

Les salaires en Suisse

Si de nombreux étrangers en général et de nombreux Français en particulier souhaitent travailler en Suisse, c’est notamment car les salaires y sont réputés élevés et le taux de chômage faible. Est-ce une réalité ?

Le salaire moyen suisse est le plus élevé du monde selon l’OCDE (2021), avec un salaire moyen annuel de 64 824 $, soit un peu moins de 60 000 euros environ. En France, le salaire moyen est plutôt de 39 800 euros brut par an. Néanmoins, le coût de la vie en Suisse est également plus élevé de 63% par rapport à la France !

Les salaires en Suisse varient, bien entendu, selon le métier, le secteur d’activité et l’expérience du salarié. Les salaires suisses peuvent également dépendre du canton. C’est, par exemple, le cas du salaire minimum, qui est de 4 368 CHF brut pour 12 mois à Genève (24 CHF de l'heure), soit un Smic à un peu plus de 4 400 euros, mais de seulement 3 458 francs suisses par mois dans le Tessin (19,5 CHF de l'heure), soit un peu plus de 3 500 euros selon le cours actuel du franc suisse. Certaines CCT, secteurs ou entreprises peuvent également avoir fixé leur propre Smic.

Comme vous l'avez sans doute compris, n'oubliez pas que les salaires suisses sont versés dans la monnaie du pays : le franc suisse, CHF. Le taux de change euro/franc suisse est une donnée à ne pas perdre de vue si vous souhaitez dépenser en France une partie de votre salaire suisse.

Travailler en Suisse et vivre en France : le cas des frontaliers

Parmi les étrangers qui travaillent en Suisse, il existe une catégorie que connaissent bien de nombreux Français : les frontaliers. Ce sont des personnes qui exercent une activité professionnelle en Suisse mais résident de l’autre côté de la frontière, en France ou en Allemagne. Pour les Français, l’avantage est d’obtenir des salaires plus élevés en Suisse tout en profitant du coût de la vie plus faible de l’Hexagone. Une opportunité intéressante pour les Français qui résident plus ou moins loin de la frontière : vous pouvez, par exemple, rallier Genève depuis Annecy en 45 minutes en voiture.

Le travailleur frontalier a un statut particulier en Suisse, déterminé par des accords bilatéraux entre la France et la Confédération. De sorte que si vous habitez dans une zone frontalière précise, vous pouvez trouver un emploi en Suisse sans contrainte et vous obtenez automatiquement un permis de travail : le permis G. Vous devez résider depuis au moins six mois dans une zone frontalière.

En raison du vieillissement de la population suisse, le nombre de frontaliers devrait doubler d’ici dix ans en Suisse, d’après le dernier rapport sur l’Observatoire des frontaliers.

Quels sont les types d'emplois les plus recherchés en Suisse ?

Ca y est, vous êtes prêt à sauter le pas et changer de résidence pour vous ouvrir de nouveaux horizons professionnels ? Mais reste une question fondamentale : quels sont les postes vacants en Suisse ?

Traditionnellement, les métiers de l’horlogerie recrutent de nombreux Français chaque année. Parmi les secteurs porteurs en Suisse, on peut également citer la finance, la Tech, l’industrie pharmaceutique ou la cosmétique. Enfin, à l’image de le France, la Suisse fait pace à une pénurie sur certains profils. C’est le cas par exemple des métiers de la santé tels que les infirmiers, ambulanciers ou médecins généralistes, mais aussi des métiers techniques comme les techniciens spécialisés et de maintenance, les spécialistes de la cybersécurité, les développeurs, data scientist, etc.

Où trouver du travail en Suisse ? Les villes de Zurich, Berne et Genève sont parmi les plus dynamique de la confédération helvétique.

Crédits photo : swisshippo/stock.adobe.com