IA et emploi : quand la technologie lève les barrières liées au handicap

Quand Sopra Steria accompagne ses clients dans leur transformation digitale, ce n’est pas seulement pour accroître leur productivité. « On œuvre pour que la technologie améliore la société de manière globale et qu’elle soit un outil d’inclusion professionnelle, explique Philippe Baconnet, responsable de la Mission handicap du groupe. Nous travaillons par exemple sur l’accessibilité numérique. Que ce soit pour réserver un billet de train ou pour trouver un emploi, nos solutions permettent aux personnes en situation de handicap de manipuler les interfaces, et ainsi d’accéder à l’information. »

Les projets ne manquent pas chez Sopra Steria, à tel point qu’il est difficile d’en faire une sélection ! En voici néanmoins trois qui méritent d’être mis en lumière :

Un signbot qui facilite la vie des sourds et malentendants

Vous connaissez les chatbots ? Le principe du signbot IRIS d’Elioz est le même, à une différence près : les échanges ne s’effectuent pas à l’écrit mais en langue des signes française (LSF) via un avatar en 3D. Les applications sont multiples : sites web, FAQ, vidéos, etc.

Cet outil inédit est né d’un constat : « Les systèmes conversationnels automatiques actuels ont leurs limites, surtout dans le monde professionnel, affirme Philippe. Chaque métier utilise des terminologies qui lui sont propres, ce qui peut engendrer des erreurs de transcription à l’écrit, voire des contresens qui peuvent être dangereux. Chez Sopra Steria, nous préférons faire appel à des sociétés spécialisées qui prennent en compte les spécificités de notre domaine d’activité. »

Malgré leur utilité, ces mesures de compensation restent coûteuses et ne répondent pas totalement aux besoins des intéressés. « Nos salariés sourds ‘signants’ nous ont expliqué que lire un texte leur demandait un gros effort de concentration. Pour eux, ce n’est pas naturel, au contraire de la LSF qu’ils considèrent comme leur langue maternelle ! »

Le signbot IRIS devrait leur offrir ce confort de lecture, et bien plus ! La fusion d’animation de pointe et d’intelligence artificielle permettra à la solution de comprendre la langue des signes et de répondre à l’utilisateur de manière presque instantanée. C’est là où l’expertise de Sopra Steria entre en jeu. « Nous associons à l’avatar de l’IA conversationnelle qui va décoder la question de l’utilisateur puis chercher la réponse adéquate dans la bonne base de données. L’avatar la communiquera ensuite à la personne en langue des signes. C’est déjà extraordinaire de pouvoir faire ça, mais on ne compte pas s’arrêter là ! »

Si l’outil communique aujourd’hui uniquement en LSF, il a vocation à devenir, à terme, un véritable interprète. « Il y a peu de disponibilités de traducteurs LSF car la demande est de plus en plus importante. Dans les années à venir, on ne pourra pas répondre à 100% aux besoin des collaborateurs. La deuxième étape de ce projet est de traduire des paroles à l’oral en LSF, et inversement. Concrètement, l’avatar sera capable de signer ce qu’il entend, et d’oraliser les signes d’une personne sourde ou malentendante. Je parle de LSF, mais à partir du moment où c’est possible en France, ça l’est aussi dans tous les autres pays », souligne Philippe.

Une télécommande cérébrale pour piloter des outils à distance

Au travers de sa Mission handicap, Sopra Steria est par ailleurs sponsor du prix « Innovation numérique » de la Handitech Trophy, un concours national qui récompense les innovations au service du handicap. « Cette année, c’est le projet Inclusive Brains qui est arrivé en sélection finale. Il est développé par une start-up basée à Marseille. Inclusive Brains associe l’IA générative et les neurotechnologies pour créer une nouvelle génération de technologies d’assistance qui s’adaptent aux besoins de leurs utilisateurs, quelles que soient leur condition physique et leurs capacités. Les solutions Inclusive Brains permettent aux personnes handicapées de contrôler des objets connectés (postes de travail, ordinateurs, appareils électroménagers) avec des commandes mentales uniquement. L’idée est de remplacer la télécommande manuelle par un casque qui décode les impulsions électriques produites par le cerveau, pour ensuite les traduire en commandes automatiques. » Cette innovation permettra aux personnes à mobilité réduite de piloter n’importe quel outil par la pensée. « On arrive à une phase d’innovation mature qui laisse à penser que des produits industrialisés arriveront sur le marché dans les deux ou trois prochaines années. »

Des évolutions technologiques enthousiasmantes pour les personnes qui ont perdu l’usage d’un ou de plusieurs membres. « La télécommande cérébrale ouvre des perspectives d’emploi évidentes dans le numérique aux personnes ayant perdu l’usage des membres supérieurs ! »

Une orthèse « intelligente » qui permet des déplacements plus fluides

Certaines innovations profitent d’ores et déjà aux salariés de Sopra Steria. « On a récemment financé l’équipement d’un jeune consultant qui souffre de limitations importantes dans l’exercice de sa fonction, explique Philippe. Comme tous nos consultants, il travaille essentiellement chez nos clients. Du fait de son handicap, il était dans l’incapacité de faire des déplacements importants. Son ancien système d’orthèses générait non seulement de grosses fatigues, mais aussi des mouvements plutôt lents et hasardeux. Les technologies de la robotique associées à l’IA ont permis de mettre au point une orthèse avec un logiciel embarqué qui l’aide à reproduire une foulée presque identique à celle des personnes valides. Il a retrouvé une mobilité bien plus importante et peut donc exercer pleinement son métier de conseil. Grâce à cet outil, il a pu faire reculer très largement les limites que lui imposaient son handicap ! »

« Grâce à l’orthèse nouvelle génération C-Brace financée par la Mission Handicap de Sopra Steria (que je remercie beaucoup parce que l’investissement financier consenti est élevé), mes déplacements professionnels en extérieur ne sont plus source de fatigue et de stress, explique le collaborateur en question. Auparavant chaque déplacement, même de quelques centaines de mètres, était vécu comme une épreuve appréhendée physiquement (fatigue et douleur) et psychologiquement (peur de tomber). Ce n’est plus le cas avec l’orthèse intelligente C-Brace, qui s’adapte automatiquement au cycle de marche et à chaque type de terrain. Elle permet un déplacement quasi naturel, sans fatigue ni risque de chute. Cette technologie est véritablement révolutionnaire pour l’autonomie et l’indépendance, et in fine le maintien en activité professionnelle, des personnes avec un handicap moteur de type Polio, comme c’est mon cas. »

L’IA et la robotique comme leviers d’inclusion

« On parle beaucoup d’intelligence artificielle en ce moment, à raison car le sujet n’a jamais progressé aussi vite », constate Philippe. Selon lui, « l’alliance de l’IA et de la robotique va révolutionner bon nombre de situations de handicap. Je pense notamment au projet d’exosquelette de Wandercraft et aux rétines artificielles de Pixium Vision. Des personnes qui sont aujourd’hui limitées dans leur autonomie et indépendance par leur condition pourront bientôt retrouver une place dans la société. » De quoi donner foi en l’avenir, non ?

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Crédit photo : Sopra Steria