Quel est le bilan du test de la semaine de 4 jours en Allemagne ?

Et si on passait à la semaine de 4 jours ? La tendance gagne les entreprises depuis quelques années, mais les initiatives en la matière sont encore minoritaires à l’échelle nationale. Du côté des salariés, l’idée plaît : plus de trois actifs français sur quatre y seraient favorables. C’est ce que révèle une étude menée par l’Ifop pour Politis, en mars 2024. Ces derniers y voient la possibilité de mieux organiser leur semaine, avec un meilleur équilibre vie pro vie perso. Et ce sont les secteurs où le télétravail est impossible, qui sont les plus demandeurs.

Outre-Rhin, des entreprises convaincues

Du côté des employeurs partisans, cette nouvelle organisation du travail permet d’attirer des futurs talents et de maximiser l’efficacité des collaborateurs sur un temps court. D’autres chefs d’entreprise, plus sceptiques, y voient une contrainte organisationnelle. Pour trancher, la meilleure réponse est encore le test.

C’est ce que vient de réaliser l’Allemagne : 45 entreprises du pays ont expérimenté le dispositif durant six mois (entre janvier et juin 2024), avec un temps de travail réduit de 10 à 20 %, en conservant la même rémunération. Résultat : 73 % d’entre elles ont adopté la semaine de quatre jours à l’issue de l’expérimentation.

Des collaborateurs en meilleure santé

Mais alors, quelles raisons ont convaincu les sociétés allemandes ? Déjà, 90% d’entre elles ont remarqué que la santé physique et mentale de leurs salariés s’était améliorée. En effet, cette nouvelle organisation a permis de réduire le stress des travailleurs et d’augmenter leur sommeil. Avec ce temps gagné, les salariés ont également pu consacrer plus de temps à leurs activités physiques, occasionnant en cascade une augmentation de leur bien-être général.

Une productivité similaire, voire accrue

Cet aménagement du temps de travail, légèrement réduit, n’a pas diminué l’efficacité des principaux concernés. Au contraire ! La productivité des salariés est restée la même, voire a augmenté pour certaines équipes. La raison ? Les entreprises ont contrebalancé les minutes de travail en moins, par la réduction des distractions pour 65 % d’entre elles, par l’amélioration des process pour 63 % d’entre elles. En outre, 52 % des sociétés interrogées ont repensé leurs réunions, et un quart d’entre elles ont eu recours à des solutions de digitalisation pour alléger les tâches de leurs salariés.

D’ailleurs, même sans diminution du temps de travail, les salariés français sont favorables à la semaine de quatre jours, d’après une étude d’ADP, fournisseur de logiciels RH : 37% des interrogés avouaient en 2023 « préférer faire des journées plus longues, à condition de garder le même salaire ». Il est difficile, cependant, de savoir si les bénéfices liés à une diminution du temps de travail démontrés dans l’étude, seraient toujours observés en dispatchant une journée de travail sur les quatre autres.

Des salariés moins absents

Autres avantages relevés par l’étude allemande : la semaine de quatre jours aurait permis de réduire l’absentéisme des salariés. Preuve à l’appui : en moyenne, les employeurs outre-Rhin participant au test ont enregistré une baisse de 11 points du taux d’absence de leurs collaborateurs, sur toute la durée de l’étude. Par ailleurs, 53% d’entre eux estiment que la semaine de 4 jours a eu un effet réducteur sur le turnover de leur société.

Et en France ?

Les avantages du passage à la semaine de 4 jours sont donc nombreux, pour les salariés comme pour leurs employeurs. Et les preuves ne manquent pas pour le démontrer !

En France la tendance est à la hausse, environ 10 000 salariés la pratiquent, selon le ministère du Travail, ce qui représentait 5 % des entreprises du pays en 2022, selon un sondage d’ADP (sachant que l’immense majorité d’entre elles n’ont pas diminué le temps de travail de leurs salariés - contrairement à ce qui est expérimenté dans le test allemand - mais simplement condensé les 35 heures en 4 jours).

Pour convaincre les 95 % restants, un test pilote de même envergure, le 4 Day Week Global, à l’initiative de l’association 4jours.work, sera mené à partir du mois de décembre 2024, auprès des entreprises de l’Hexagone. Dans la fonction publique, la semaine de 4 jours est aussi au stade d’expérimentation, à la demande de l’ex-Premier ministre Gabriel Attal (et ne comprend, elle non plus, pas de réduction du temps de travail). Ses conclusions seront communiquées à l’été 2025.