Manhattan, La Défense : quel avenir pour les quartiers d'affaires avec le télétravail ?

Les quartiers d’affaires et leurs grandes tours vitrées ressembleront-ils bientôt à des paysages arides de films de western avec des plantes virevoltantes dans l’air ? Sous l’effet du télétravail, les gratte-ciel sont de plus en plus vides et les commerces à proximité enregistrent de lourdes pertes économiques, principalement en début ou fin de semaine quand les salariés restent chez eux et désertent les bureaux.

Des quartiers vidés de leurs travailleurs les lundis et vendredis

12,4 milliards de dollars en moins par an. C’est la perte économique estimée par le média américain Bloomberg en utilisant des données d’un économiste de l’Université de Stanford. Autant de ventes manquées pour les commerces, services et restaurants qui animaient d’ordinaire le poumon économique de New-York.

Les pertes enregistrées correspondent aux jours d’absence des télétravailleurs à Manhattan. Désormais, les semaines sont réduites sur trois jours  : le lundi et le vendredi, les salariés restent chez eux en périphérie de la ville et ne fréquentent plus les enseignes à proximité du siège de leur entreprise.

D’ailleurs, un travailleur du quartier d’affaires new-yorkais constate dans les colonnes de Bloomberg qu’il économise 100 dollars (environ 92 euros) par semaine lorsqu’il travaille depuis son domicile. Mais pour les commerçants, ce nouveau rythme de travail avec des semaines de trois jours entraîne des pertes de chiffres d’affaires conséquentes lors des jours de télétravail.

De l’autre côté de l’Atlantique, La Défense, premier quartier d’affaires européen voit aussi ses tours de bureaux se vider depuis la crise sanitaire. Selon les informations des Echos, le taux de vacance qui mesure le pourcentage de bureaux vides s’établit à 20,5%. Un coup dur pour les commerçants et restaurateurs alentours qui ne bénéficient plus des achats ou des repas des salariés. Certains se retrouvent parfois contraints de mettre la clef sous la porte, faute de clientèle.

Au début du mois de mars, de nombreux professionnels se sont réunis au pied de la Grande Arche pour dénoncer les effets néfastes du télétravail sur leurs activités. Ils demandaient notamment une baisse des loyers, espérant être entendus auprès du gouvernement afin de trouver des solutions adaptées à ce nouveau modèle économique de semaine de trois jours.

Comment les quartiers d’affaires peuvent-ils se réinventer ?

Pour ne pas devenir des zones désertées, ces centres d’affaires historiques doivent repenser leur attractivité afin d’attirer un autre type de population que les cols blancs.

La création de pôle d’enseignement supérieur semble par exemple être une solution privilégiée à La Défense qui accueille désormais près de 70.000 étudiants. La salle de spectacle Paris La Défense Arena et ses 40.000 places permet aussi de faire venir dans le quartier, un public différent qui va parfois loger dans un hôtel à proximité avant de se rendre à un concert ou un évènement sportif.

Le quartier d’affaires de l’ouest parisien mise aussi sur la création d’un grand parc urbain sur sa célèbre dalle afin de changer son image grise et bétonnée, et d’inciter les habitants à venir s’y promener lors de leurs temps libres.

À Manhattan, les bars et les restaurants essayent d’attirer les clients lors des jours creux du lundi et du vendredi, en rivalisant de stratégies marketing. Selon le média Bloomberg, un gérant d’une chaîne d’hôtels et restaurants envisage par exemple de proposer des tirages au sort de voyage gratuit pour tous ceux qui s’aventurent dans son bar, le vendredi. Il compte aussi proposer des formules avantageuses pour inciter les touristes à prolonger leur séjour à New-York sur les fins de semaine plus calmes. Car si les travailleurs ont déserté Manhattan, quel visiteur étranger n’a pas rêvé un jour de s’y promener et d’y flâner en toute quiétude ?

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