Politique, amour, religion… Faut-il garder des sujets tabous entre collègues ?
À la machine à café, à l’heure du déjeuner ou entre deux visios, il est tentant de livrer ses opinions ou des détails de sa vie privée à ses collègues. Mais il y a des sujets qu’il vaut mieux éviter afin de garder de bonnes relations au bureau.

« Tu as voté quoi dimanche ? » « Tu crois en Dieu ? » « Comment c’était ton rendez-vous galant hier soir ? » Ces questions pourraient paraître banales dans une discussion avec des amis mais elles le sont beaucoup moins lorsqu’elles sont adressées à des collègues. Pourtant, vie professionnelle et vie privée s’entremêlent souvent, car nous passons de nombreuses heures au travail et il est parfois tentant de révéler sa vie privée ou ses opinions à ses voisins de bureau. Surtout qu’à l’inverse, rester mutique ou très discret peut passer pour du mépris auprès de ses collègues. Voici quelques conseils pour se dévoiler, parler de soi, de ses convictions ou de sa vie amoureuse pour s’intégrer, et se raconter sans créer de malaise.
Politique : attention au militantisme
L’employeur ne peut pas interdire à son salarié d’avoir des convictions politiques. Le code du travail affirme le principe de la liberté d’expression, sous réserve de respecter ses obligations de loyauté et de discrétion envers son employeur : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché ». Cependant, une clause de neutralité peut avoir été ajoutée au règlement intérieur de l’entreprise ou au contrat de travail si vous représentez souvent l’entreprise à l’extérieur, auprès de clients par exemple.
Rien ne vous empêche d’être militant au sein d’un parti politique et vous pouvez en faire part à vos collègues tant que vous restez discret et que vous ne vous vous servez pas de vos missions au travail pour mettre en avant vos positions. De manière générale, vous pouvez afficher vos convictions politiques lorsqu’elles portent sur un sujet général comme le réchauffement climatique par exemple, mais il faut rester à l’écoute des avis divergents. En effet, les sujets politiques ou religieux sont des sujets clivants et vous pouvez facilement froisser un collègue en abordant des questions d’actualité. Selon une enquête Hellowork, 61% des salariés n’aiment pas parler de politique au bureau et 58% évitent d’aborder le sujet des religions.
Religion : ne pas basculer dans le prosélytisme
Concernant la religion, le code du travail précise que l’employeur ne peut pas interdire au salarié d’avoir une conviction religieuse. Toute sanction ou discrimination en raison de la religion est illégale. Vous pouvez vous absenter en raison de votre religion, c’est-à-dire obtenir des congés pour les fêtes religieuses, tant que vous en faites la demande comme pour tous les autres congés . Cependant, vous n’êtes pas obligé de mentionner le motif religieux de votre demande auprès de votre manager ou de vous étendre sur ce sujet auprès de vos collègues.
Concernant la pratique religieuse, l’employeur ne peut pas interdire à un salarié de prier pendant son temps de pause, mais il peut interdire les prières si elles gênent le travail des autres salariés ou si elles ont lieu pendant le temps de travail. De manière générale, vous pouvez dire à vos collègues que vous êtes croyant et pratiquant tant que vous n’en parlez pas de manière répétée et tant que vous ne cherchez pas à convaincre vos collaborateurs des mérites de votre religion. Votre pratique religieuse ne vous autorise pas non plus à bénéficier d’un traitement de faveur par rapport à eux.
En règle générale, restez discret et respectueux
Sur les sujets politique ou religieux, il ne faut jamais basculer dans le militantisme ou le prosélytisme. Il y a donc des limites à ne pas dépasser, comme essayer à tout prix de convaincre ses collègues de voter pour un candidat ou de se convertir à une religion. La loi condamne tous les abus de liberté d’expression. Insulter son voisin de bureau parce qu’il n’a pas les mêmes opinions politiques ou religieuses peut entraîner des sanctions : de l’avertissement au licenciement pour faute grave, en fonction du contenu du propos ou de sa récidive.
De manière générale, on peut exprimer ses opinions auprès de ses collègues tant que l’on n’utilise pas de termes injurieux, diffamatoires, excessifs ou qui portent préjudice à l’entreprise. Pour aborder ces sujets de façon sereine et apaisée, vous pouvez poser des questions à votre collègue pour savoir comment se positionner par rapport à lui et couper court si le sujet dérive et devient trop polémique.
Raconter sa vie amoureuse : distinguer l’intime et le privé
Raconter son dernier rendez-vous amoureux ou ses problèmes de couple au bureau peut être tentant, mais attention à ne pas trop s’épancher. Confier trop de détails personnels sur sa vie privée, c’est prendre le risque de susciter aussi des commérages. Les coachs en entreprise conseillent de faire une distinction entre la sphère intime et la sphère privée. On peut par exemple dire que l’on est en couple et ne pas rentrer dans tous les détails de sa relation ou de ses problèmes conjugaux. Sans tomber dans une paranoïa excessive, partez du principe que tout ce que vous confiez sur votre vie personnelle peut aussi se retourner contre vous.
Si vous venez d'être embauché, attendez quelques mois avant de vous dévoiler complètement, le temps de prendre vos marques, d’observer la culture de l’entreprise et de repérer les personnes de confiance. Vous pouvez esquiver certaines questions intrusives par des pirouettes humoristiques ou bien retourner la question à votre interlocuteur. Au quotidien, vous pouvez faire part de certains évènements importants dans votre vie amoureuse sans trop vous étendre sur le sujet, évoquer un mariage futur ou un projet de voyage avec votre cher et tendre sans forcément rentrer dans tous les détails de l’organisation et de vos émois du moment. Vous pouvez aussi juger par rapport à la tonalité de la conversation, en fonction de ce que vos autres collègues confient pendant les pauses.
En cas de difficultés dans votre vie amoureuse, comme une rupture ou un divorce, il vaut mieux en parler avec votre manager si vous sentez que cela va avoir des conséquences sur votre emploi du temps, votre productivité ou tout simplement votre humeur au quotidien. Il pourra faire preuve d’empathie et adapter vos tâches pendant un temps donné, diminuer votre charge de travail ou vous épargner certaines missions qui nécessitent une grande implication de votre part.
Crédits photo : Rikkyal /stock.adobe.com
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