Comment la pépinière d’ingénieurs EQIOM recrute et forme les jeunes diplômés

Quand on est fraichement diplômé d’une école d’ingénieur, trouver un premier emploi peut parfois s’avérer délicat. EQIOM, acteur dans les matériaux de construction engagé face aux enjeux de la décarbonation *, a choisi de recruter et d’accompagner six candidats dans leur montée en compétences via la création d’une pépinière d’ingénieurs. Rencontre avec Marius Petiz avant son entrée dans la pépinière ainsi qu’Olivier Bernard, son futur manager et responsable performance du groupe.

L’industrie des matériaux de construction est une industrie de long terme, pour laquelle former les collaborateurs prend du temps, constate Olivier, avec ses plus de 30 années d’expérience dans le secteur : « Autrefois, de nombreuses entreprises embauchaient un “pipeline” de jeunes sur des postes qui n’étaient pas directement opérationnels. Avec les différentes crises économiques, cela a un peu disparu. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il devient difficile de trouver des candidats expérimentés dans notre activité. »

Olivier Bernard

Responsable performance du Groupe EQIOM et manager de Marius

Autre spécificité du secteur : aucune école n’y prépare directement. « Il n’y a pas d’école de cimentiers, confirme Olivier. Le ciment fait appel à de nombreuses branches. Les jeunes ingénieurs auront des idées générales sur la théorie mais ne sauront pas vraiment ce qu’est une usine de ciment. Il faut y avoir passé quelques années avant de comprendre commence cela fonctionne. Cela fait 30 ans que je suis dedans et je découvre encore des choses tous les jours ! »

« Un stage de très longue durée »

L’objectif de la pépinière ? « Relancer ces embauches de jeunes sortis d’école, ou avec une première expérience. C’est aussi leur offrir des postes sur lesquels ils contribuent à notre activité tout en découvrant les différents métiers, avant de se positionner sur ce qui les intéresse. C’est un peu comme un stage de très longue durée ! » répond Olivier. Elle regroupe des métiers techniques. « Il y a un ingénieur process dans mon équipe qui a vocation à aider l’ensemble des sites ainsi que deux ingénieurs par usine, un procédé production et un autre plutôt orienté maintenance », liste-t-il.

Pendant plusieurs années, probablement trois ou quatre ans dans le cas de Marius, Olivier le guidera dans ses premiers pas dans l’entreprise. « C’est comme un coaching pour l’intégrer dans la société ! Il travaillera avec moi sur un vrai poste et je vais consacrer beaucoup de temps à le former et l’encadrer », continue-t-il.

Participer aux défis de l’industrie cimentière

Marius a grandi dans une famille issue du BTP et était également intéressé par les sciences. « Au lycée, j’ai choisi un bac Sciences de l’ingénieur avant d’intégrer une prépa PTSI (physique, technologie et sciences de l'ingénieur) puis PT (physique et technologie). Je voulais continuer dans le domaine industriel alors j’ai rejoint l’Ecole supérieure nationale des Arts et Métiers », retrace-t-il. Très intéressé par les enjeux environnementaux, il découvre les défis à relever par le monde cimentier lors de conférences données par des professionnels du secteur. « Il s’agit notamment de réduire l’impact carbone du ciment, qui représente environ 5% des émissions mondiales », illustre-t-il.

Marius Petiz

Ingénieur procédé performance et membre de la pépinière EQIOM

Pour son stage de fin d’étude, il décide de s’orienter vers ce domaine et intègre EQIOM, pour six mois, afin de travailler sur la réduction des consommations d’eau des usines. « L’objectif était de mettre en place une stratégie pour réduire de 70 000 m3 notre consommation, par an. Ce stage m’a beaucoup plu ainsi que le cadre de l’entreprise. Quand j’ai évoqué le fait de rester dans l’entreprise, les RH m’ont parlé de la pépinière et j’ai été choisi pour le poste d’ingénieur procédé performance. Je vais commencer dans quelques jours, après un peu de vacances », souligne Marius.

« L’industrie manufacturière ne se passe pas derrière un ordinateur »

Du point de vue du jeune ingénieur, l’avantage à intégrer la pépinière est double : « Très peu d’entreprises recrutent des profils sortis d’école. On sait que cela nous apporte une certaine stabilité car le but de l’entreprise est de nous former pour que d’ici 3, 4 ou 5 ans, on puisse évoluer. En plus, des personnes très expérimentées nous forment à toute la chaine industrielle ! »

EQIOM et ses équipes ont choisi, comme Marius, des candidats pour leurs compétences techniques et humaines. « Nous sommes dans une industrie lourde et relativement pointue, indique Olivier. Il y a notamment beaucoup de calculs à réaliser et des choses assez précises comme de la simulation. De mon côté, j’ai aussi besoin de candidats attirés par le terrain. L’industrie manufacturière, ce n’est pas quelque chose qui se passe derrière un ordinateur ou dans un labo. Il faut, en quelque sorte, mettre les mains dans le cambouis, faire des mesures dans des conditions qui ne sont pas celles d’un bureau climatisé ! »

Un métier qui nécessite, par conséquent, des capacités relationnelles : « Les ingénieurs sont directement confrontés à la production, aux opérateurs, aux techniciens de maintenances ; des métiers qui possèdent énormément de savoirs et qu’il faut aussi guider, former », continue Olivier.

« Une multitude de points de vue super intéressante »

Le terrain, un des aspects qui a motivé Marius à postuler. « On teste des choses, on fait des mesures et on parle aux techniciens, qui connaissent mieux leurs machines que nous. Je trouve cette multitude de points de vue super intéressante ! Je le faisais déjà pendant mes six mois de stage et, cette fois, pouvoir le faire sur tous les sites, ce sera une belle composante de mon travail », appuie-t-il.

Ce qu’il souhaite en particulier ? « Comprendre la chaîne de fabrication du ciment dans son ensemble. Grâce à mon stage, je connais bien la partie gestion de l’eau, mais sur un seul site. A ce poste, je vais appréhender les différents défis à relever sur l’intégralité de la chaine, les points d’attention, comment fonctionnent les procédés etc. », assure-t-il. En plus de se déplacer sur les différents sites d’EQIOM, partout en France, Marius prendra part au démarrage du four K6 de Lumbres, dans le Pas-de-Calais, dont l’ouverture est prévue en 2026 : « C’est un énorme projet et travailler dessus, c’est intéressant pour moi d’un point de vue environnemental, cela correspond à mes valeurs. »

Le ciment, un secteur « très stimulant intellectuellement »

Dans les prochaines semaines, Olivier et Marius reverront l’ensemble de la théorie des équipements sur lesquels ce dernier travaillera. « Ensuite, il ne sera pas tout le temps avec moi mais il m’accompagnera notamment sur des actions d’optimisation d’ateliers dans les usines », explique son manager.

A plus long terme, Marius se projette dans l’entreprise. « J’aime bouger et découvrir ! Je ne suis pas contre effectuer des mobilités. Dans quelques années, je possèderais beaucoup plus de connaissances et j'aurais probablement la capacité de monter sur un poste comme responsable procédé ou maintenance, par exemple », envisage-t-il.

Aux candidats qui hésiteraient à suivre sa voie, il conseille : « L’industrie du ciment est énorme et comprend de nombreux défis à relever. Il ne faut pas croire que c’est simple ou que l’on va s’ennuyer, car cela fait intervenir toutes les disciplines de l’ingénierie. C’est très stimulant intellectuellement. On a aussi bien de l’énergie, que de la mécanique, de la chimie ou de l’électronique ! » conclut-il.

* Ciment, granulat, béton, combustibles et matières premières de substitution