PageGroup décrypte les grandes tendances du marché de l’emploi 2024

Secteurs en tension, métiers en pénurie de candidats ou encore recrutement des seniors : le leader du recrutement spécialisé PageGroup, décrypte les tendances du marché de l’emploi dans sa nouvelle étude de rémunérations et partage avec HelloWork ses résultats.

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L’économie mondiale a été fortement affectée ces deux dernières années par la pandémie, le conflit ukrainien et l’inflation. Un contexte qui a forcément influé sur le marché du travail français. Cependant, un retour à la normale est-il envisageable pour 2024 ? « Le contexte inflationniste est moindre en 2023 qu’il n’a été en 2022, en tout cas dans les conséquences qu’il a eu sur les augmentations de salaire, note Laurent Blanchard, Senior Managing Director chez PageGroup. Néanmoins, il continue d’y avoir des augmentations et des primes au changement de poste un peu supérieures à ce qu’on avait l’habitude de voir avant le Covid. »

Un ralentissement du marché

Un marché moins dynamique marqué par un ralentissement des projets de recrutement en comparaison à l’année précédente et notamment, dans le secteur de la tech. « Il y a eu quelques vagues de licenciement dans ce secteur, amorcées par les GAFA en Californie et qui se sont progressivement répercutées en France, continue Laurent Blanchard. Cela n’a pas révolutionné le marché car ce sont des profils en pénurie, mais c’est un élément qui marque ce début d’année et qui n’est pas exactement dans la lignée de 2022. »

L’IA a-t-elle exercé une influence dans ces changements du marché de la tech ? En partie selon PageGroup. « Nos clients expriment plus de besoins en experts de l’intelligence artificielle, c’est une réalité indiscutable. Il y a du recrutement dans l’IA tout comme dans la cybersécurité, la data. Cela tire le marché », explique Laurent Blanchard.

Un manque de compétences RSE

Autre variation inattendue selon le cabinet : la vague de recrutements dans les métiers de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) n’a pas encore eu lieu. « Ce n’est pas le raz-de-marée annoncé, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de tendance, développe Laurent Blanchard. Ces métiers sont très recherchés et notamment par les sociétés de conseil car elles ont une forte demande de la part de leurs clients. » Le hic ? Pour l’instant, peu de personnes sont formées sur ces questions. La tendance est donc au recrutement de personnes qui ont plus une appétence à la formation que de réelles compétences RSE.

Une attractivité des salariés des seniors

La troisième grande tendance de recrutements émergente est celle des salariés seniors (50-55 ans), relève PageGroup. « La prise de conscience est maintenant beaucoup plus forte. D’une part, quand on est senior, on n’est pas périmé ! insiste Laurent Blanchard. D’autre part, on est confronté à un tel choc démographique que vouloir se mettre des filtres injustifiés dans le recrutement, c’est se condamner. La population active diminue et de nombreux départs en retraite sont annoncés. Les entreprises vont donc avoir besoins de nombreux employés qualifiés. C’est un enjeu très important et il faut les accompagner autour de la transmission intergénérationnelle. »

Les secteurs clés

La dernière étude de PageGroup révèle également les secteurs qui ont le vent en poupe. On y retrouve à la fois des domaines privilégiés par de nombreux candidats ces dernières années et d’autres un peu plus boudés.

Energie et industrie

En premier lieu, celui de l’énergie. « Sur le marché français et le marché européen, les secteurs en lien avec la RSE se distinguent. On parle de 15 ou 20 ans de pénurie de profils dans l’énergie renouvelable et le nucléaire, appuie Laurent Blanchard. Il y aura beaucoup de recrutements dans les années qui viennent et cela va prendre du temps, c’est indiscutable. »

L’industrie est également à regarder de très près car « on n’a pas formé suffisamment dans les métiers de l’industrie et, un secteur pour lequel cela crève les yeux, c’est l’aéronautique, continue Laurent Blanchard. Il y a plusieurs années de carnets de commande chez les équipementiers qui ont donc de forts besoins de recrutement. »

Tech

« Nous sommes sur des cycles de transformation tellement rapides que ce secteur a le vent en poupe et continuera de l’avoir. La révolution de la data, de l’IA, de l’objet connecté vont générer beaucoup de recrutements ainsi que les questions de mobilité. Il y a toujours de nouveaux sujets à arriver, qui génèrent des besoins en expertise et donc en recrutement », poursuit le Senior Managing Director. Les profils les plus recherchés : développeur, chef de projet informatique, ingénieur cloud, ingénieur data & machine learning, ingénieur cybersécurité.

Santé

Pour deviner les futurs secteurs en tension, il faut aussi s’intéresser aux départs à la retraite. Après l’enseignement, le secteur de l’aide à la personne risque d’être particulièrement touché. « C’est là qu’il y aura le second plus gros volume de départs et donc naturellement, il y a un risque de pénurie de candidats », commente Laurent Blanchard. Les profils les plus recherchés : infirmier, infirmier santé au travail, infirmier conseil et médecin.

Les profils les plus sollicités

Sans grande surprise, les métiers porteurs se trouvent dans ces secteurs clé, mais pas seulement. Ingénieurs et techniciens dans l’industrie, les énergies renouvelables, métiers de la data ou de la cybersécurité, la liste est longue ! « Nous recrutons aussi des profils marketing, des acheteurs, des personnes qui font de l’IA. Toutes les lignes de métiers sont tendues ! insiste Laurent Blanchard. C’est aussi difficile de recruter un contrôleur de gestion, un gestionnaire de paie que des ingénieurs commerciaux, par exemple. » Un métier est même en hyper-pénurie et les recruteurs s’arrachent les candidats selon lui : celui de technicien de maintenance.

Les ingénieurs et techniciens rassemblent un nombre impressionnant de candidats et d’offres d’emploi : respectivement 884 000 et 1 700 728, pour 81% d’hommes et 19% de femmes. Les profils les plus recherchés sont effectivement les techniciens de maintenance ainsi que les techniciens/opérateurs de production, les responsables techniques, de production et QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement). Ils le sont en particulier dans les secteurs du luxe, de l’aéronautique/défense, de l’énergie, de la chimie et de l’industrie pharmaceutique.

Le salaire, la priorité des candidats

Depuis la pandémie, le télétravail est sur toutes les lèvres et les salariés, partout dans le monde, attachent de plus en plus d’importance à leur équilibre vie pro/vie perso. De plus, un déséquilibre offre/demande est notable dans les recrutements, à la faveur des candidats.

Cela se ressent-il dans les recrutements ? Oui et non, répond PageGroup, qui a mené une grande enquête au printemps auprès de 70 000 répondants dans le monde, dont 7 500 en France. « Le premier facteur pour rejoindre une entreprise reste le salaire et d’assez loin ! conclut Laurent Blanchard. C’est une petite surprise alors qu’on parle beaucoup de flexibilité et de RSE. Ces notions arrivent tout de même sur le podium, ce qui n’aurait pas été le cas il y a quatre ou cinq ans. En revanche, ce qui fait que les gens restent dans une entreprise – une question un peu différente – c’est l’intérêt du poste et le sens de la mission de l’entreprise dans la société. » 

Retrouvez l’intégralité de l’étude de rémunérations 2024 menée par PageGroup ici.

Crédit photo : HelloWork/PageGroup