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Être bien au travail

Faut-il si vite enterrer le coworking ?

Par Laura Lamassourre • Publié le

Un indice : la clé se trouverait peut-être en région.

Faut-il si vite enterrer le coworking ?

La nouvelle est tombée au début du mois de novembre. Le leader mondial du coworking WeWork, autrefois évalué à 47 milliards de dollars, dépose le bilan en Amérique du Nord. Une nouvelle qui inquiète outre-Atlantique et interroge sur la pérennité de ce marché, popularisé au milieu des années 2000 dans la Silicon Valley. Depuis sa création en 2010, la start-up a ainsi enregistré plus de 16 milliards de pertes - conséquence d’une expansion excessive et donc de bureaux trop peu rentables, rapporte The Wall Street Journal. Pourtant, ce repli ne semble pas toucher le coworking français, bien au contraire. Alors, est-il un peu trop tôt pour annoncer la mort de ces espaces partagés ?

Trop de coworking, tue le coworking

Du côté de certains, la tendance est plutôt au pessimisme. Dans un article pour le média indépendant The Conversation, Ghassan Paul Yacoub et Loïc Plé, respectivement Professor of Innovation, Strategy, and Entrepreneurship et Directeur de la Pédagogie - Full Professor à l’IÉSEG School of Management, estiment que la croissance rapide et « à n’importe quel prix » de sociétés gérant des espaces de coworking influe de manière négative sur leur attractivité et leur pérennité, « entraînant un taux de roulement des membres plus élevé sur le long terme ».  

Des conséquences observables sur leur performance : « Cela nuit en outre au développement des collaborations, un précurseur à l’innovation, entre les différents occupants. Ces moindres interactions entravent l’élargissement de réseaux des entreprises et la construction de sens communs partagés dans l’espace. Les occupants voient ainsi l’utilité de l’espace, réduit à un bureau de travail sans plus. C’est précisément ce qu’il est advenu de WeWork », pointent-ils. En une petite décennie, l’entreprise américaine avait ouvert 777 sites dans 39 pays et notamment signé des baux en surenchère avant la contraction du marché postpandémie. Résultat : la start-up devenue géant n’a jamais réalisé les bénéfices imaginés et a perdu – beaucoup – d’argent. Aujourd’hui, il ne lui reste ‘que’ 660 espaces dans 119 villes. Attention cependant, dans le cas de WeWork, cette expansion n’est pas l’unique responsable d’une telle chute : de mauvais investissements et une crise de gouvernance sont aussi à blâmer.

Vous avez dit dépassé ?

On le répète très souvent, la pandémie a profondément modifié le rapport à l’emploi et les entreprises ont partout dû s’adapter aux nouveaux besoins de leurs collaborateurs, en particulier en termes d’espaces de travail. « Les entreprises, désireuses de solutions plus flexibles et de configurations sur-mesure, se sont tournées vers de nouveaux modèles de coworking. S’ajoutent à cela l’accélération de la digitalisation des organisations et l’adoption plus pérenne du télétravail. En 2010, WeWork, avec son modèle axé sur de grands espaces ouverts et des zones communes animées, était innovant et à l’avant-garde des tendances du travail. Aujourd’hui ce modèle semble dépassé », notent Ghassan Paul Yacoub et Loïc Plé.

Autre tendance qui met à mal les entreprises comme WeWork selon les chercheurs, celle des bureaux opérés. Derrière ce nom un tantinet étrange, se cache une solution hybride à mi-chemin entre le bureau traditionnel et l’espace de coworking : des locaux indépendants loués par une entreprise et incluant de nombreux services personnalisés.

Des chiffres au beau fixe

Dans l’Hexagone, les chiffres n’appuient pas ce constat. Selon une étude publiée en novembre 2022 par la plateforme de location de bureaux Ubiq, il y avait 3 420 espaces de coworking l’année passée en France, c’est-à-dire 23% de plus qu’en 2021 et 100% de plus qu’en 2019, avant la pandémie. Contrairement aux espaces WeWork américains, ils ne sont pas non plus délaissés, car leur taux d’occupation est passé de 88% fin 2019 à 91% aujourd’hui. La start-up déchue qui avait d’ailleurs récemment ouvert des espaces à Paris et en proche banlieue n’entend pas pour autant quitter le territoire français. Placée sous la protection du Chapitre 11 de loi américaine sur les faillites, elle souhaite renégocier sa dette avec ses créanciers et se réorganiser. En dehors des Etats-Unis et du Canada, les autres marchés du groupe ne devraient ainsi pas être menacés. La majorité des 15 espaces (150 000 m²) franciliens devraient être maintenus ou du moins rachetés par la concurrence car, comme le relève FrenchWeb, les chiffres de WeWork France ne sont pas bons : le groupe a accumulé 125 millions de pertes en quatre ans et son chiffre d’affaires a fondu de 19% entre 2021 et 2022.

Une prise de risque moins importante pour les entreprises

D’autres sociétés d’espaces partagés débordent d’inventivité pour renouveler le marché, souligne Challenges avec par exemple, l’émergence du « coworking étoilé » de l’entreprise Gustave Collection : avenue de l’Opéra et rue de la Paix dans la capitale, elle propose une offre très haute gamme avec un room service, un restaurant au chef étoilé ou encore un service de barbier et de manucure. Le coworking dans tout cela ? On ne voit pas trop. En tout cas, si vous voulez siroter un cocktail en potassant votre prochain rapport, il faudra contacter l’entreprise, car, comme pour un sac de luxe, la discrétion est de mise sur les prix !

La pandémie a eu un autre impact sur ces espaces partagés, cette fois, en région ! Et ce, car une partie de la population active francilienne a décidé de se tourner vers les villes moyennes ou même plus petites. En effet, selon l’Insee, entre mars 2021 et mars 2022, pour 35 ménages qui arrivaient en Île-de-France, 100 la quittaient. « Pour conserver leurs forces vives et leurs « top talents », les entreprises sont conduites à s’adapter à ces mouvements : suivre et accompagner leurs salariés nomades…ou prendre le risque de les perdre dans un contexte concurrentiel croissant. Les métropoles régionales et les villes moyennes constituent alors un nouveau champ d’implantation », explique la société spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, Cushman & Wakefield, dans son étude sur les espaces flexibles en 2023. Un nouveau besoin très adapté au coworking, car il fournit à la fois un lieu de sociabilisation aux collaborateurs en télétravail et une prise de risque moins conséquente pour l’entreprise, avec des baux plus souples. Malgré ce que pensent ses détracteurs, le coworking semble donc avoir toujours de beaux jours devant lui… loin de Paris !

Crédits photo : antomar@stock.adobe.com

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