Arbejdsglæde : comment utiliser le concept danois du bonheur au travail ?

Les pays nordiques occupent souvent les premières places aux classements mondiaux des habitants les plus heureux - Finlande, Danemark, Islande, Suède et Norvège sont tous dans le top 10 du World Happiness Report 2024, avec un septième titre d’affilée pour la Finlande. Si de nombreux phénomènes expliquent cet impressionnant taux de joie au mètre carré dans le nord de l’Europe, il est intéressant de constater que la Scandinavie a par ailleurs produit de nombreux concepts autour du bien-être et du bonheur : hygge, lillördag, friluftsliv, lagom, sisu, etc.

Aujourd’hui, focus sur un concept danois évoquant le bonheur au travail : l’arbejdsglæde. Parce qu’on passe quand même une grande partie de son temps à travailler !

Qu’est-ce que l’arbejdsglæde ?

On ne se risquera pas à vous expliquer comment prononcer de drôle de mot… mais on peut déjà vous expliquer son étymologie : en danois, arbejds signifie travail et glæde se traduit par bonheur. Littéralement, arbejdsglæde veut donc dire bonheur au travail. Et le Danemark est le seul pays au monde (auquel on peut ajouter la Suède et la Norvège) qui a inventé un mot pour décrire cette sensation unique du bonheur de travailler. Au Japon, par exemple, on invente plutôt des mots qui signifient mourir d’épuisement en travaillant – le karôshi. Et en France, bonheur et travail sont deux notions considérées comme antinomiques par de nombreuses personnes.

Bonheur au travail, d’accord, mais pourquoi ? Selon l’arbejdsglæde, être heureux dans son travail conduit au succès ! Et non l’inverse… Car le fait d’être heureux vous rend plus productif, plus créatif, plus motivé, plus énergique et plus résilient en cas de difficulté. De nombreuses études montrent ainsi qu’une entreprise où les salariés sont heureux gagne plus d’argent. Et ce n’est pas parce qu’un salarié gagne beaucoup d’argent qu’il est plus heureux (un bon salaire n’est qu’une condition parmi tant d’autres).

Alors comment fait-on pour être heureux au travail à la mode danoise ? L’arbejdsglæde repose sur deux piliers essentiels : le résultat et les relations humaines. Le résultat, c’est quand vous faites du bon travail et que cela vous rend fier. Si en plus, vous comprenez le sens de votre travail, à quoi il sert, et que l'on vous fait confiance pour le réaliser, vous avez déjà fait un grand pas vers le bonheur ! L’aspect relationnel, vous l’avez peut-être déjà éprouvé : votre travail est plus agréable quand vous appréciez vos collègues. On pourrait ajouter ici votre manager, votre hiérarchie dans son ensemble et même vos clients. Les relations humaines n’ont rien d’un bonus ou d’une cerise sur un gâteau, c’est une dimension fondamentale du bonheur au travail.

Comment vivre l’arbejdsglæde au quotidien ?

Vous êtes tenté, vous aussi, de vivre l’arbejdsglæde dans votre quotidien – qui ne le serait pas ? – mais vous avez le sentiment que votre entreprise ne vous en donne pas les moyens ? Que votre hiérarchie, vos collègues ou la nature même de votre travail rend cette perspective du bonheur trop lointaine ?

C’est une autre dimension fondamentale de l’arbejdsglæde à avoir en tête : votre bonheur au travail ne dépend pas d’autrui, il est d'abord de votre propre responsabilité. Vous devez commencer par mettre en place, de vous-même, des actions pour être plus heureux au travail. Avant, peut-être, d’entraîner les autres. Qu’est-ce que vous pouvez faire concrètement ? Le site internet « What the heck is arbejdsglaede!? » liste trois astuces simples à mettre en place :

• Offrir chaque matin un bonjour chaleureux à vos collègues, en les regardant dans les yeux et en leur demandant comment ils vont, en ayant vous-même l’air heureux et optimiste quant à la journée qui s’annonce.
• A la fin de chaque journée de travail, dresser une liste des trois choses positives qui sont survenues. Trois événements, petits ou grands, qui vous ont apporté du bonheur.
• Célébrer vos victoires et réussites. Même les plus petites ! Le monde de l’entreprise accorde beaucoup d’attention aux erreurs et aux dysfonctionnements… prenez le temps d’apprécier ce qui fonctionne.

Alors oui, bien sûr, un bon équilibre vie pro – vie perso, un salaire décent et un environnement de travail non toxique sont également des éléments clés. Mais, si cela reste une base saine et nécessaire, ces composantes ne suffisent pas toujours à faire advenir dans sa vie l’arbejdsglaede. Interrogé par Le Point, l’auteur danois Meik Wiking, spécialiste du bonheur au travail, invitait plutôt les travailleurs du monde entier à repenser leur rapport personnel à la réussite professionnelle. Et donc au bonheur.

« On se laisse parfois emporter par le désir d'en avoir toujours plus et l'on perd de vue ce qui compte réellement pour soi […] Tant de personnes s’enracinent dans un métier peu gratifiant pour se payer une belle voiture et une plus grosse maison parce qu'elles partent du principe que ce n'est pas le travail qui les rendra heureuses. Mais ça vaudrait peut-être la peine d'échanger cette grosse voiture contre une autre moins luxueuse et de prendre beaucoup plus de vacances à la place. Je me dis souvent qu'être riche, c'est avoir beaucoup d'argent, mais être fortuné, c'est avoir beaucoup de temps pour vivre et profiter de la vie. »